Un lecteur d’Éveil et Nature m’a demandé :
« Les formations en ligne que vous proposez… Comment sont-elles fabriquées ? »
Or, il se trouve que justement, je suis en pleine phase de tournage pour la prochaine formation en ligne… Quoi de mieux pour répondre à cette question que de partager quelques heures de mon quotidien !
Contexte de ce tournage
Pour vous situer le contexte, cette formation en ligne s’intitulera « Passeur de nature ».
Pendant 1 an, ses participants recevront chaque semaine un projet d’activité nature, présenté en vidéo, avec des outils à télécharger lorsque cela sera nécessaire.
Étant donné que la 1ère cession débutera en septembre 2016, cela fait déjà des mois que les séquences sont méticuleusement préparées.
Mais comme il reste encore quelques images à prendre, je vous invite à me suivre sur le terrain, pour une séance… les pieds dans l’eau, vous allez voir !
Jeudi 9 juin 2016
Aujourd’hui, il est question de prendre un maximum d’images pour une séquence qui proposera d’« Estimer la qualité de l’eau de votre rivière en observant les petites bêtes qui y vivent ».
Une étude de la qualité de l’eau… comme un scientifique!
L’IBGN, vous connaissez ? L’Indice Biotique Global Normalisé. Il s’agit d’un protocole parfaitement scientifique grâce auquel les chercheurs analysent la qualité de l’eau de nos cours d’eau. Le gros avantage de ce type d’étude par rapport à une analyse chimique est qu’elle donne un aperçu global de l’état de santé de la rivière. Alors que l’analyse chimique peut être faussée, notamment si le jour des prélèvements il y a un pic de pollution ou un événement inhabituel, l’étude de nos petites bêtes, ou macro-invertébrés, nous montre lesquels d’entre eux se trouvent bien dans cette rivière, sachant que chaque espèce a des exigences bien particulières.
Par exemple, la larve de perle est TRES sensible à la moindre pollution. Donc si on trouve de ces larves dans notre rivière, cela indique qu’à l’état d’équilibre, on peut la qualifier de « propre ».
A l’inverse, les sangsues s’acclimatent fort bien en eau polluée. Pour faire simple, s’il n’y a que les sangsues qui survivent dans votre eau, c’est qu’il y a du souci à se faire.
Dans « Passeur de nature », le protocole est juste un peu simplifié, afin que chacun puisse se l’approprier en quelques minutes, sans forcément s’y connaître, ni en ptites bêtes, ni en rivière. Petits et grands apprendront donc pas mal de choses, en passant un moment des plus agréables… que demander de mieux!
Une activité qui nous fait du bien
Se pencher sur l’étude des petits habitants de sa rivière préférée dépasse de loin le cadre scientifique et a d’innombrables vertus ! En voici quelques unes :
- Adultes et enfants trouveront à cette activité un intérêt aussi puissant, car il n’y a pas d’âge pour aimer barboter dans l’eau. Il s’agit donc d’une des rares activités que l’on peut partager avec les enfants en en étant au même point qu’eux, et en s’amusant tout autant !
- Plus qu’un simple barbotage, il s’agit d’une véritable quête dont on ne revient jamais bredouille, ce qui est une source extraordinaire de motivation et d’enthousiasme.
- Un désir de compréhension proche de l’empathie anime le chercheur, qui porte un regard nouveau sur ces petites bêtes : chacune d’elle a ses besoins, ses fragilités, ses interactions, et un petit nom… Sûr qu’on ne la regardera plus jamais pareil !
- Pieds dans l’eau, observation fine, glouglou de la rivière, douce odeur de vase… tous nos sens sont en éveil!
- Tête, main, cœur… tout notre être est engagé, un lien total se crée avec le lieu, les éléments, la nature…
Bref, un projet incontournable pour qui veut cultiver son lien à la nature et le transmettre en beauté à des enfants.
8h00 – La météo est bonne : pas de crue sur la Drôme, ciel dégagé. Du vent, comme d’habitude dans la région, mais les commentaires se feront principalement en voix off, le bruit du vent (très gênant dans les micros!), ne sera donc pas un problème.
Avant de me mettre en route, quelques impératifs me retiennent derrière mon écran : 5 mails attendent une réponse, un lot de prospectus doit être emballé et expédié au plus vite et une mise à jour de WordPress réclame toute mon attention.
Zut, j’ai oublié de sortir les poules : la mise à jour attendra bien quelques minutes !
15h00 – Des imprévus sont venus s’ajouter : ici une facture à mettre en page et à envoyer, là un billet de train qu’il fallait échanger mais la gare était fermée, de nouveaux messages reçus, bref, des priorités.
En revanche, bonne nouvelle : je reçois aujourd’hui l’aide précieuse de mon amie Valentine, c’est elle qui tiendra la caméra. Car d’habitude, la caméra est posée sur un pied ou au bout d’une perche, ce qui me demande quelques manipulations supplémentaires…
Cette fois donc, nous sommes prêtes, tout est dans ma musette, nous pouvons nous rendre à la rivière.
15h15 – Nous y sommes. Je sors le matériel de mon sac (caméra, trépied, matériel de prélèvements, guide d’identification…), ainsi que quelques notes sur le protocole à suivre.
Je le connais bien ce protocole, pour l’avoir réalisé de nombreuses fois : quand j’étais en BTS, puis plus tard en licence de géo, et enfin avec les enfants, car il s’agissait d’une de nos activités favorites lorsque j’animais des classes de découvertes.
Mais aujourd’hui ma démarche est un peu différente : je n’anime pas un groupe mais je donne à voir une façon de s’y prendre à des adultes qui souhaitent se former. J’ai donc soigneusement réfléchi au déroulement de ma séance de tournage – c’était mon travail de la veille – tout est noté sur mon calepin.
15h16 – L’eau est magnifique : le niveau est encore haut pour la saison et les berges sont bordée de fleurs et de joyeux bourdonnements. La collecte s’annonce des plus plaisante !
15h17 – Des touristes en tenue plus que légère font leur apparition sur la plage. Valentine prend soin de cadrer dans une autre direction.
15h20 – Je retourne délicatement une pierre et fais mes premières trouvailles. Pendant ce temps la caméra enregistre et les idées fusent. Toute l’équipe est en ébullition.
15h30 – Une libellule est en train de naître ! Nous nous délectons du spectacle de cette métamorphose… Tenez, voici un extrait de sa « naissance » plutôt incertaine…
15h45 – 1ère analyse terminée… D’après les résultat, la rivière Drôme est propre !
16h00 – Nous sommes maintenant au bord d’un petit affluent. A vue de nez, il semble moins clean. C’est partie pour une deuxième analyse…
16h15 – Larve de chironome, sangsues, limnées, gammares… Pas terrible ce pauvre cours d’eau ! Quelques larves de trichoptères avec leur fourreau de débris végétaux viennent rehausser la note, mais il est bien triste de constater que ce petit cours d’eau, dont la source est à peine à quelques kilomètres de là, est à ce point pollué par les champs qui le bordent, ou peut-être des installations sanitaires hors d’âge…
Je note donc soigneusement un compte rendu détaillé de toute la séance.
17h00 – Retour au bureau. Reste à décharger les images sur mon ordinateur et surtout à les classer soigneusement. Les commentaires en voix off seront enregistrés et ajoutés plus tard, juste avant de procéder au montage. Toutes les notes archivées seront alors précieuses pour réactiver la mémoire et séquencer les images !
Petit bilan de ce tournage
Des images sont dans la boîte
Les prises de vue sont réussies et de nombreuses espèces ont pu être observées. Le protocole fonctionne à merveille et l’opposition entre les 2 cours d’eau analysés est très didactique.
Une belle occasion de cultiver son lien à la nature
Mais surtout, en me plongeant corps et âme dans cette activité de biologiste-écologue, mais avant tout d’humain simplement à l’écoute de son milieu, j’ai ressenti dans mes propres cellules toute la profondeur de cette démarche.
J’ai aimé passer du temps au bord de la rivière.
J’ai été sincèrement absorbée, les pieds dans l’eau, par ma quête de petites bêtes jusqu’alors invisibles, et qui allaient m’en dire long sur ma rivière.
Je la connais bien, pourtant, ma rivière. Je lui rends visite presque tous les jours, je trouve sur les galets de ses plages ses mues de plécoptères, je me régale d’observer la pêche de ses aigrettes (petit échassier tout blanc) et parfois le grignotage de ses castors…
Mais pour mon simple plaisir, je ne m’étais encore jamais amusée à réaliser un inventaire de ses macro-invertébrés, en vue de calculer son indice biotique.
Car en quelle occasion réalisons-nous ce genre d’activités, si ce n’est lorsque nous prétextons d’initier des enfants ? (à moins d’être biologiste!)
L’éducation de nos enfants: un merveilleux « prétexte » pour se cultiver soi-même !
Cela est évidemment précieux d’offrir à nos enfants la possibilité de telles découvertes, d’une telle démarche d’immersion, d’observation et de compréhension.
Mais cela est important pour nous aussi !
Cela nous fait du bien (avez-vous lu ces études qui démontrent à quel point il nous est bénéfique de passer du temps dans la nature ? Et bien là, on baigne dedans pour ainsi dire…), cela nous relie à une partie de nous-même qui nous échappe, cette part issue de millions d’années d’évolution, en lien intime et étroit avec la nature, à laquelle nous appartenons de toute façon (et non l’inverse, qu’on le veuille ou non!).
Alors oui, trouvons-nous des prétextes pour nous remettre en lien avec notre nature. Initions nos enfants, participons à des stages, tournons des vidéos ou que sais-je.
Et dégustons les effets de ce lien nouveau que nous nous réapproprions ! Car c’est grâce à ce lien que nos excès d’homo-œconomicus nous sauterons aux yeux et que nous engager sur la voie du changement nous paraîtra une évidence.
Et c’est bien sûr grâce à ce lien que nos enfants agiront demain en citoyens responsables et en décideurs éclairés.
Alors concrètement, n’attendez pas le programme « Passeur de nature » pour passer à l’action… N’hésitez surtout pas à foncer, dès aujourd’hui, à votre mesure… Droit dehors !
Bonjour Emilie:-),
J’adore votre blog, votre concept, de vous lire je me sens en vie comme une gamine!
C’est génial ce que vous proposez, c’est frais, ça donne envie, et oui la nature franchement c’est le meilleur des ressourcements possibles. Il y a eu une période ma vie ou je naviguais sérieusement en eaux troubles et la seule chose qui me faisait du bien, c’était de me balader dans les champs et dans la forêt. Et je le dis, la nature m’a sauvé la vie!!!!!
Et comme vous aujourd’hui j’essaie de sensibiliser les gens à ses bienfaits, mes partages concernent plutôt cette évolution terrestre qui prend place, ce changement de taux vibratoire qui fait qu’on est en surchauffe. Mais ce que je propose comme conseils entre autre à mes lecteurs pour gérer cette évolution, c’est d’aller au maximum dans la nature. La nature est le meilleur moyen qui soit pour garder les pieds sur terre, s’ancrer se sentir vibrer, se décharger, se sentir accueilli et même écoutés par tous ces êtres qui la peuplent.
Merci pour ce que vous proposer, vous êtes une vraie fée, je vous ai partagée sur facebook, et je me réjouis de vous suivre dans vos élans à nous inviter à nous reconnecter à notre vraie nature 😉