Jardiner avec les enfants est un magnifique projet, mais ce n’est pas toujours simple. Ma première année d’enseignement, j’ai jardiné avec des enfants et me suis heurtée à quelques difficultés. Pas d’intérêt pour certains, comment les mettre tous en action, que faire de nos échecs en jardinage, quelles règles élaborer ?
Et puis, en confrontant mon expérience de maîtresse et celle de maman aux expériences des autres, j’ai découvert que nous étions nombreux face à certaines problématiques :
« Comment les faire adhérer au projet sans les dégoûter ?
« Je suis convaincu du bienfait d’un tel projet mais quelle corvée de rassembler tout le matériel… »
« Porter un pot en terre cuite jusqu’au 3ème… non, merci ! »
« Les plantes vertes font un peu la tête chez moi… je crois que je n’ai pas la main verte ! »
« Oui, mais moi je ne connais pas trop les plantes ! Je n’ai pas de jardin… »
A toutes ces problématiques, Emilie et moi (professeures des écoles et mamans) avons petit à petit trouvé des solutions. Après de nombreuses lectures, un stage à Terre Vivante et de nombreuses expérimentations, nous avons peaufiné notre façon de jardiner avec les enfants. Et nous allons partager cela avec vous sur Eveil et Nature ! De la théorie à la pratique, nous explorerons les raisons d’initier les enfants au jardinage, découvrirons les erreurs à éviter et vous guiderons en vidéo dans la mise en place de votre coin de jardinage (sur un balcon, une terrasse, un jardin, bref n’importe où !).
Voici le programme de nos publications :
- Pourquoi nous recommandons le jardinage avec les enfants
- Les erreurs à éviter quand on jardine avec un enfant (en ligne le 27 février)
- Le potager des enfants : 3 vidéos pour créer un potager bio avec les enfants… même sur un balcon ! (en ligne à partir du 27 mars)
POURQUOI NOUS RECOMMANDONS LE JARDINAGE AVEC LES ENFANTS
1-CONSTRUIRE UN LIEN SENSIBLE A LA TERRE
Une madeleine de Proust
Gratter la terre n’est malheureusement pas autorisé à tous les enfants*. Jardiner va justement être l’occasion de mettre un enfant au contact des éléments naturels de son environnement. Toucher et malaxer de la terre, un caillou, verser de l’eau, sentir l’odeur de la terre mouillée, toucher et/ou cueillir des plantes, goûter ce qu’on récolte, … L’enfant est alors en train de construire son lien à la terre (et Terre) avec la mémoire de ses sens. Un peu comme la madeleine de Proust. Lorsque l’on compare le goût d’une tomate cerise de supermarché avec celle récoltée sur le balcon… cela laisse sans voix. Rappelez-vous une expérience de cueillette dans un jardin, ou dans la nature, cela procure un plaisir que nous n’avons pas lorsque cela vient du supermarché. Mais cela est souvent inscrit en nous. Ces expériences sont souvent fortes et nous pouvons nous les remémorer. C’est donc cela que nous allons permettre à nos enfants. Nous ne pouvons pas leur demander d’aimer, de protéger la Terre sans avoir eu d’expériences sensibles avec les éléments naturels.
>>>A lire également: Pourquoi se salir est bon pour la santé des enfants
Se relier au temps naturel
Ce lien à la terre est aussi celui créé avec sa temporalité. Temps des saisons, temps de la germination, temps de l’attente, … il faut apprendre à respecter ces temporalités. « Ce n’est pas en tirant sur l’herbe qu’on la fait pousser » pourra-t-on apprendre de cette expérience directe. En jardinant, l’être humain ne peut pas exercer une toute puissance sans limite. Nous devons apprendre l’humilité. C’est ce que nous transmettons aussi comme message à nos enfants. « Non, nous ne pouvons pas manger les fraises en décembre, regarde notre coin à fraises ! ». Mais cela va être un formidable lien au temps. A la maison, nous savons que les cerises, grand régal de ma fille, arriveront à la saison du printemps. Rien, à faire…même si la frustration peut être forte, nous devons apprendre la patience et profiter de ce qui est offert au présent. Les limites s’imposent d’elles-mêmes.
2-CULTIVER LE PLAISIR ET LA FIERTÉ
Plaisir
Il est indéniable que l’activité de jardinage procure du plaisir à l’enfant. Plaisir de travailler la terre, plaisir de ressentir les éléments avec tous ses sens, plaisir de faire comme l’adulte, à ses côtés, plaisir de s’approprier un espace connu, d’agir sur cet espace pour le transformer…
Mais aussi plaisir de s’inventer des histoires dans ce petit coin. Élaborer un petit coin de jardinage (ou un grand si vous avez l’espace !) pourrait aussi laisser libre cours à l’imagination des enfants. Un cailloux peut devenir montagne, un trou dans la terre cachette à lutin, … C’est cela aussi construire son lien à la terre. Dans cette optique et, pour partager l’espace (en évitant qu’un tunnel ne soit creusé sous les fraisiers ou le persil !) vous pouvez aussi laisser un pot libre de culture. Cela peut être un endroit à patouilles ! Le plaisir peut être celui de faire découvrir cet espace, d’y côtoyer au quotidien des petits animaux, des plantes auxquelles on s’attache, ou qu’on peut utiliser pour tel jeu, telle création ou recette…
Liberté
Ces plaisirs seront d’autant plus nombreux et intenses que l’enfant accède librement au coin jardinage. Il en connaîtra ainsi les moindres recoins, s’y sentira libre et voudra mener plus loin ses investigations… en quête de nouvelles satisfactions à sa soif de découvrir !
Estime de soi
Au plaisir s’ajoute la fierté.
Fierté de seconder l’adulte dans des activités auxquelles il accorde une grande importance, fierté de récolter les fruits de son travail (et parfois un travail de longue haleine !). Et je ne vous parle pas de la fierté de se sentir responsable de certaines plantes ou propriétaire de certains espaces, même tout petits !
Mais dans le duo adulte-enfant au jardin, comment ne pas parler aussi de la fierté de l’adulte ! Fierté de partager une activité qui lui est chère et de transmettre à son enfant des savoirs et des gestes que lui-même a peut-être peaufiné toute sa vie durant, voire qui lui ont été enseignés par ses aïeux ! Cela peut-être la fierté de découvrir le jardin avec son enfant et de partager une activité indispensable à son bien-être !
>>>A lire également: 3 point pour créer une ambiance Montessori dans mon jardin
3-UN TERREAU FERTILE EN APPRENTISSAGES
Apprendre en faisant
D’un côté, l’enfant apprend ce qu’on lui enseigne. On lui explique quelque chose, il le mémorise, il s’entraîne, l’intègre et pourra le réinvestir dans d’autres configurations. Mais encore faut-il que l’enfant soit disposé à apprendre de cette manière, qu’il en ait envie, ou qu’il nous comprenne !
D’un autre côté, et bien souvent, l’enfant apprend par lui-même. Il a en lui un formidable programme qui le pousse à apprendre, à provoquer les situations d’apprentissage, à être curieux de tout, à répéter les actions jusqu’à les intégrer, à assimiler une quantité astronomique de nouveautés. Mais pour cela, il est indispensable que l’environnement de l’enfant lui inspire ces apprentissages ! Cela est d’ailleurs un des grands principes de la pédagogie Montessori : Maria Montessori a appelé « Esprit absorbant » L’aptitude à apprendre qui est propre au jeune enfant.
L’enfant se construit en agissant sur son environnement, en constatant comment celui-ci réagit à chacune de ses actions. Il construit ses schémas mentaux grâce à l’expérience directe.
Apprendre quoi ?
Dans son environnement immédiat, c’est sans doute au jardin que l’enfant trouve matière à découvrir, à expérimenter, à apprendre. Dans
toutes sortes de domaines ! Voici quelques exemples d’apprentissage que l’enfant ne manquera pas de faire au jardin :
- apprendre à maîtriser toutes sortes de mouvements grâce à la variété du terrain ;
- apprendre les effets des saisons sur les êtres vivants, sur lui-même ;
- apprendre les cycles naturels en observant la graine qu’on a plantée et ce dont la plante a besoin pour grandir, fleurir, fructifier ;
- éveiller ses 5 sens ;
- connaître le nom exact de ce que l’on rencontre au jardin : les plantes, les légumes, les fruits, les insectes, les oiseaux, mais aussi les outils, les actions que l’on fait en jardinant, etc. ;
- connaître les plantes dont on ne connaît pas encore le nom : leur couleur, leur forme, leurs préférences, etc.
- s’émerveiller chaque jour de petites découvertes toujours plus pointues dans cet espace bien connu ;
- avoir envie d’en savoir d’avantage et s’en donner les moyens… par exemple en questionnant son entourage ou en se plongeant dans des lectures sur le sujet voulu !
Cependant vous en conviendrez, pour que ces apprentissages soient possibles, l’enfant a besoin de temps, d’autonomie ainsi que d’un espace adapté à lui.
4-ARROSER LE SENS DE LA SOLIDARITÉ ET DE LA RESPONSABILITÉ
Faire l’expérience du collectif
Jardiner, c’est être en lien. Être en lien avec la terre et tous ses habitants. Il est vrai que nous aiguisons alors le sens du partage. Nous apprenons à partager des règles avec l’ensemble de la communauté humaine. Nous sommes soumis aux mêmes règles de la nature. Partager un coin de jardin, c’est apprendre à partager un coin de terre, respecter un espace et ses règles. Lorsque l’expérience est collective, l’enfant apprend à réaliser une action commune. Au sein d’une classe par exemple, c’est un véritable projet fédérateur que d’aménager un coin de jardin, de mesurer les résultats de l’effort collectif. On apprécie ensemble le travail et ses fruits ! L’expérience familiale permet tout autant de s’inscrire dans un projet à plusieurs. Un coin de jardin sur un balcon ou un rebord de fenêtre peut aussi amener chacun à pousser le portail d’un jardin partagé…
Mesurer les conséquences de ses actes
Mais c’est aussi être en lien avec l’ensemble des êtres vivants, comprendre un écosystème. Ceux qui ont eu la chance de pouvoir jardiner un peu l’ont sûrement déjà un peu expérimenté. Tiens, à chaque pied de poireau arraché se trouvait un ver de terre ! C’est évidemment l’interaction des êtres vivants que nous remarquons et cherchons à faire vivre. Il s’agira par exemple des fleurs que nous voyons se faire butiner, les insectes auxiliaires que nous verrons agir, … Autant d’interactions essentielles à la vie sur terre que nos enfants doivent connaître. Cela nous amène donc à prendre conscience de l’impact de nos actions sur terre. Si je vaporise un produit pour enlever l’herbe insupportable sur le chemin mais que celui-ci est nocif pour les syrphes, les abeilles, les coccinelles…qui va limiter les pucerons ? Qui va polliniser ma fleur de courgette ? Notre comportement d’adulte va donc permettre à nos enfants de s’imprégner de normes, de comprendre certains enjeux. L’herbe sur le chemin ne fait peut-être pas si désordre après tout. Cela ne choquera aucun enfant en tout cas ! D’ailleurs, en présence d’enfants, les jardiniers lèvent sûrement le pied sur l’utilisation intensive de produits nocifs. Du moins, j’ose le croire ! Dans quel monde vivrions-nous si des adultes utilisaient consciemment des produits (pour une insupportable touffe d ‘herbe !) qui mettent en danger nos enfants ?
Pour conclure : tous au jardin, même sur un balcon !
Le jardinage est donc un lieu d’apprentissages interdisciplinaires qui répond aux besoins fondamentaux des enfants. Adulte, nous partageons alors une activité d’éveil à la nature qui va s’inscrire durablement dans le lien à la terre que nous construisons ensemble. Il est certain qu’un grand espace ajoutera bien des choses à cette activité mais ne négligeons pas le pouvoir réel d’un petit coin de jardinage. La chose la plus importante vient avant tout de son accessibilité. Jardiniers en herbe ou confirmés, citadins ou ruraux nous pouvons alors tous faire profiter nos enfants des bénéfices d’un coin de jardinage. Plus encore, cela nous paraît très important dans une éducation à la nature.
Très bien, alors on commence quand ?
Dans la Formation en ligne Passeur de Nature, 1 chapitre complet est dédié au jardinage avec les enfants. Potager de poche, bombes à graines, recettes avec ce que l’on a cultivé… A découvrir, ainsi que les 19 autres projets d’activités et méthodologie pour accompagner un groupe d’enfants DEHORS !
>>Et vous, avez-vous envie cette année de jardiner avec des enfants ? Rencontrez-vous des difficultés? Ou à l’inverse êtes-vous confiant-e pour cette activité? Nous serions ravi-es de découvrir votre témoignage, en commentaire !
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salut
Merci beaucoup pour cette initiative; enseignante en maternelle, votre aide va m’être précieuse pour mettre en place ce projet. J’ai 2 carrés de jardin qui attendent d’être montés dans la cour de l’êcole; ma collègue de cp me suit dans l’aventure, c’est un projet commun. J’ai hâte de commencer.
Génial! Lorsque j’étais enseignante, j’ai jardiné avec mes élèves de maternelle. Quelle fierté pour eux de pouvoir croquer les radis qu’ils avaient fait pousser eux-mêmes! 🙂
J’ai hâte que ça commence!! Un grand merci pour cette nouvelle super initiative de ma part et surtout de celle de mes deux petits garçons qui aiment sortir tous le jours dans notre jardin ou dans le parc proche!
Chouette! Je suis super contente de savoir que vous et vos garçons êtes partants pour l’aventure!
Je vous dis à très bientôt alors… En attendant, n’hésitez pas à faire vos premiers semis de radis en caissette (ici on a commencé et ils mettent déjà leurs premières feuilles!) 😉
Merci pour cette belle initiative ! J’espère que cela va permettre à de nombreuses familles de partager un agréable moment ensemble tout en prenant le temps de regarder de plus près d’où vient ce que nous mangeons !
J’en profite pour vous faire part d’un joli livre d’histoire pour enfant sur le potager qu’on a eu la chance de recevoir : « Ca pousse comment ? », de Gerda Muller, l’Ecole des Loisirs. (http://www.ecoledesloisirs.fr/livre/ca-pousse-comment).
Merci Nanoune pour ce partage!
Oui, nous le souhaitons aussi… Je suis sûre qu’il s’agit bien souvent de quelques petites graines semées, que l’on regardera germer puis grandir, pour amorcer quelque chose de plus grand, dans notre quête de sens!