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C’est quoi pour toi un Passeur de nature?

C’était il y a 3 jours: Roland Gérard (notamment co-fondateur du réseau Ecole et Nature) animait un stage « Vivre la nature avec les enfants » à Montauban et m’a proposé d’intervenir. Il m’a notamment questionnée sur le terme « Passeur de Nature » qui, comme vous le savez, est l’intitulé de la formation en ligne que nous animons. Clin d’oeil vidéo, sur fond de films de nos ateliers buissonniers: « Pour toi, c’est quoi un Passeur de nature« :

C’est quoi pour toi un Passeur de nature ?

Emilie Lagoeyte, fondatrice d’Eveil et Nature :

« Pour commencer, je peux donner une définition de ce que ça représente pour moi être passeur de nature. Tout d’abord, je dirais que le passeur de nature c’est quelqu’un qui rend possible l’exploration de la nature par les enfants et il explore la nature aux côtés des enfants. 

Comment s’y prend-il ? Une chose importante me semble-t-il est que le passeur de nature, c’est quelqu’un qui va donner peu d’explications sur le milieu naturel, qu’il ou elle passe donc relativement peu de temps à expliquer le fonctionnement des choses, le nom des arbres etc. Par contre, il accompagne l’enfant dans ses découvertes, notamment en lui posant des questions qui vont permettre à l’enfant d’aller toujours un peu plus loin que là où il en est déjà, mais il place l’enfant dans une posture d’acteur de la construction de ses apprentissages.

Le passeur de nature se garde donc bien d’apporter des réponses mais à l’inverse guide l’enfant pour que l’enfant construisent lui-même ses réponses. 

Le passeur de nature amène également l’enfant à verbaliser ses expériences. En effet, ses expériences vécues en nature sont d’autant plus intenses pour l’enfant lorsqu’il ou elle a la possibilité de les mettre en paroles, de les partager ainsi!

Le passeur de nature est donc quelqu’un qui finalement donne assez peu d’explications, par contre,  il raconte des histoires sur la nature, sur les éléments naturels, les cycles naturels, etc. 

Pour terminer, symboliquement, je dirais que le passeur de nature n’est pas celui ou celle qui va marcher devant avec les enfants qui le suivent, mais à l’inverse il ou elle marche à l’arrière et laisse les enfants explorer là où ils sont appelés. Dans sa position en retrait, le passeur de nature fait en sorte que les choses se passent bien, vérifie que l’enfant ne prends pas de risques non mesurés, et ensuite, comme je l’ai dit au début, il rend possible l’exploration de la nature par les enfants. « 

Depuis quand utilises-tu le terme Passeur de nature ?

Emilie :

« J’ai une histoire à raconter sur ces mots. En échangeant avec une personne qui suivait la toute première formation que j’ai proposée en ligne (nous proposons des formations en ligne qui accompagnent les personnes dans leur boulot de passeur de nature.) 

Donc cette jeune femme qui suivait la toute première formation en ligne que l’on proposait m’a dit un jour:  « Tu es une passeuse de nature Émilie! » 

Je vous avoue que ça a été le plus beau compliment que l’on ne m’ait jamais fait! Ca m’a touchée, ça m’est resté. Et l’année suivante, il y a un bouquin qui est sorti (que si vous l’avez pas lui vraiment, je vous recommande!). Il s’agit du livre de Scott Sampson qui s’appelle How to raise a Wild Child. Quand il est sorti, il était en anglais non traduit alors je l’ai commandé, je l’ai lu.  Bon, je ne sais pas vous, mais je ne lis pas très bien l’anglais. Je comprends à peu près 60 % de ce que je lis… alors, c’est génial parce que du coup, pour les 40% qu’il reste, j’interprête… et ça me donne plein d’idées! 

Et en l’occurrence, Scott Sampson parlait de mentor à propos des adultes qui accompagnent les enfants dans leur découverte de la nature. Et j’ai traduit ce terme « mentor » par « Passeur de nature ». Et partir de là, c’est un terme que j’ai commencé à utiliser, que j’ai beaucoup aimé et qui est devenu l’intitulé de notre formation!

La suite de l’histoire est chouette, c’est que ce livre il a été traduit. Donc maintenant, il s’appelle Comment élever un enfant sauvage en ville (éditions les Arènes). Et dans cette version française, le terme mentor a été traduit par passeur de nature. Donc, on est tombé d’accord avec le traducteur la traductrice!

Pour terminer sur ce terme, je crois que je me trouve en accord avec la définition qu’en propose Scott Sampson. Dans la culture américaine, il y a un lien très fort avec la culture amérindienne est chez les Indiens d’Amérique, il y avait une transmission par mentorat, avec une culture orale des adultes vers les enfants qui était très forte. 

Moi je trouve que notre rôle de passeur de nature peut s’apparenter à cette culture orale dans les des civilisations dites primitives et je pense qu’on a gagné à s’en inspirer dans une certaine mesure,  en lien également avec notre culture occidentale qui est très différente. Je pense qu’on a beaucoup de choses à prendre également dans tout ce qui se fait dans les réseaux d’éducation à l’environnement et je pense aussi à tout le travail de Louis Espinassous qui m’a également énormément inspirée. Pour moi Louis Espinassous, c’est c’est un passeur de nature formidable, grâce à son travail, grâce à la façon dont il le partage, je le trouve très inspirant! Voilà, je termine par ce petit hommage 🙂

Et pour vous? Que signifie être « Passeur de nature »? 

N’hésitez pas à nous donner votre interprétation en commentaires 🙂

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