Scott Sampson, couramment appelé Dr Scott, est Vice- président de la "Recherche et des Collections" et Conservateur en chef au Musée Nature & Science de Denver. Il est également l'auteur du livre "Comment élever un enfant sauvage : L' art et la manière de tomber amoureux de la nature" ( Houghton Mifflin Harcourt , Mars 2015). Il y énonce notamment dix conseils simples. J'en ai retenu cinq et je vous parle aujourd'hui du premier de ces conseils: "Start Sit Spotting" ou "Mettez-vous au Sit spotting.
Photo: daftcain
Qu’est-ce que le Sit spotting?
Le mot « Sit spotting » vient de l’anglais et pourrait être traduit par « guet assis » ou encore « affût« … mais avec l’idée que l’on est installé assis, que l’on a coupé toutes les sources de distraction (téléphone…) et que l’on est attentif à ce qu’il y a autour de soi. Certains apparentent même cette pratique à la méditation. Lorsque vous pratiquez le Sit spotting, vous êtes immobile et silencieux et faites peu à peu partie du paysage. A tel point que la vie sauvage reprend son cours autour de vous et que les animaux sortent alors de l’invisible.Photo: Kevin Dinkel
Quels sont les bienfaits du Sit spotting?
Le sitspotting est par excellence l’activité qui n’en a pas l’air… mais qui offre des trésors inestimables:- Se reconnecter avec la nature: mettre entre parenthèses nos préoccupations modernes et se laisser remplir peu à peu par la beauté du lieu, son calme, les préoccupations de ses habitants, rampants, volants, fleurissants…
- Prendre soin de sa santé: apprendre à diminuer le stress, construire un lien fort avec des lieux qui nous rassurent et nous renforcent, réveiller ses sens, relativiser…
- Avoir le plaisir d’observer des animaux sauvages, entrer quelques instants dans leur intimité.
- (Re)apprendre à prendre le temps, se sentir en lien avec le temps présent, avec les saisons, les éléments.
- Développer sa créativité: des études le prouvent, cela est un des effets de passer du temps dans la nature!
Photo: Ghislain Mary
Comment se mettre au Sit spotting?
Quelque soit l’endroit où vous vivez, cela vous est accessible. Il vous suffit de choisir un lieu emprunt de nature. Rien de plus simple si vous vivez à la campagne. Et en ville? Il y a fort à parier qu’à moins de 10 minutes à pied de chez vous vous trouviez l’endroit propice: parc arboré, bord de rivière, « jardins ouvriers »… Une fois le lieu trouvé, cherchez l’endroit qui vous plait pour vous asseoir. Puis restez-y un moment. Quelques minutes. Votre première séance de Sitspotting commence! Tout d’abord, observez. Balayez votre champ de vision, en n’oubliant pas de regarder ce qui est tout près de vous, ni ce qui est dans le lointain. Ensuite, réveillez vos autres sens: entendez-vous le vent, des oiseaux, des insectes, d’autres sons de la nature? Et les odeurs… humez l’air! Enfin, mémorisez bien l’endroit… et promettez-vous d’y revenir! Revenir régulièrement vous révélera bien des surprises. Vous connaîtrez peu à peu votre endroit: ses plantes, ses rochers, ses habitants… Les saisons transformeront le lieu. Au printemps, tout s’accélère: les fleurs se succèdent, oiseaux et insectes font entendre leurs chants qui chaque semaine sont différents. Votre œil sera aiguisé et décèlera de plus en plus de détails. Peut-être ne remarquerez-vous qu’à votre cinquième venue la présence d’un animal qui était là depuis le début. Petit à petit, allongez la durée des séances. Si cela est nouveau pour vous, 5 minutes de Sit spotting est un bon début. Vous remarquerez toutefois qu’au bout d’un certain temps, les animaux semblent vous avoir oublié. Les oiseaux se rapprochent, vous assistez à de petites scènes de vie qui vous étaient cachées jusqu’alors. Puis un jour, ça y est! Un renard ou un chevreuil est là, tout près! Il ne vous a pas vu et vous dévoile ses petites habitudes secrètes… émotion garantie! Pourquoi pas garder une trace de ces séances et tenir un carnet d’observations, de croquis.Photo: Travis Swan
Les enfants peuvent-ils pratiquer le Sit spotting?
Bien sûr. Le tout est de réussir à susciter l’enthousiasme. Voici quelques suggestions:- Les premières fois, partez seul(e) faire votre Sit spotting. Ne proposez pas à votre enfant de vous accompagner. Puis faites un récit alléchant de votre séance: tel lieu extraordinaire que vous avez découvert, tel animal que vous avez pu observer, quel plaisir cela a été pour nous…
- Choisissez un lieu particulièrement stimulant: j’ai par exemple observé avant-hier toutes sortes de canards sur un étang avec ma fille de 2 ans pendant environ 10 minutes. Hier, c’est elle qui a demandé à y retourner!
- Guidez l’attention de l’enfant vers de petites merveilles: « Tu as vu ce papillon? » « Ah! Tu entends le coucou qui chante? » Mais ne pas oublier aussi de le laisser observer tranquillement, aussi!
Photo: Mike Thomas
J’ai écrit cet article en pratiquant le Sit spotting!
Grande adepte de cette activité depuis toujours (sans savoir qu’on pouvait appeler ça le Sit spotting…), j’ai mes nombreux « spots » favoris. J’en ai choisi un ce matin… pour m’y installer avec mon ordinateur portable! Vous me direz, concentrée sur mon ordinateur, je ne peux pas pratiquer le Sit spotting! Certes non. Disons que je m’accorde de longues séances d’observation de mon coin de nature entre des moments de rédaction. Après 15 minutes de marche d’approche, je m’installe, face à une vue imprenable sur la vallée. Il est 9h, un rossignol chante les limites de son territoire. Les genets en fleur embaument l’air déjà tiède du matin. Dans le champ en contre-bas, un tracteur finit son travail. J’ouvre mon cahier et griffonne mes premières notes. Au loin avance tranquillement un animal… renard ou chevreuil? D’ici, ma vue imparfaite ne me permet pas de répondre. Je commence à pianoter sur mon ordinateur. Il est 10h et les grillons ont succédé au rossignol. Tout à coup, derrière moi, un peu à ma droite sur le chemin, quelques brindilles craquent. Je me retourne et n’en reviens pas: j’écris un article sur le Sit spotting et me retrouve nez à nez avec ce que je souhaite à mes lecteurs de rencontrer à leur tour! L’envie m’est venue, du coup, de faire cette petite vidéo: Voilà, mon article est achevé, il est 11h et je replie mes affaires. J’ai travaillé 2 heures et pourtant je me sens rechargée à bloc, connectée avec ce qui m’est le plus cher, joyeuse! J’espère que j’aurais su vous donner envie d’essayer à votre tour. N’hésitez pas à venir nous raconter vos affûts et Sit spottings, pourquoi pas en rejoignant notre groupe Facebook « A l’école de la nature »! Je vous dis à très bientôt! EmilieRessource:
J’adore ton article Emilie, c’est plein de fraicheur.
Cela m’inspire pour quand je ferais ma prochaine escapade de Urban sketching (Dessiner en ville, assis par terre si il le faut), cela me pousse a etre encore plus attentif aux details et aux bruits.
Merci.
Chou-Tac
Salut Chou-Tac,
J’aime beaucoup ton idée, de transposer directement une activité nature au milieu purement urbain… Tu me donnes envie d’essayer, pourquoi pas avec une initiation à l’Urban Sketching!
Merci à toi.
Emilie
remarquable votre site et vos idées bien que certaines connues. j’ai juste parcouru le dossier et me réjouis déjà de lire avec parcimonie et plaisir tous les chapitres et réaliser certaines activités.
merci Huguette
Merci Huguette, votre commentaire me donne la pêche! 🙂
Oui, ainsi on se crée de petits « chez-soi », un peu comme une cabane d’enfant qui nous invite au merveilleux et à l’insouciance…
Merci Emilie pour cet article intéressant.
Perso je n’ai découvert que récemment l’importance du « Revenir régulièrement », cette sensation se rapprochant de « revenir à la maison »… et j’aime beaucoup ça !
Merci beaucoup Sébastien pour ce commentaire plein de bonne humeur!
Perso, j’ai un petit penchant pour le Sit spotting perchée sur une branche d’arbre… mais allongée la tête dans les rapaces, c’est vraiment pas mal non plus! 😉