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Un environnement naturel, un bienfait pour la santé des enfants

Preuves à l’appui, Guillaume du blog Santé Des Enfants & Environnement nous avait déjà démontré que « Se salir dans la nature est bon pour la santé » . Il revient cette fois expliquer comment un environnement peut influencer la santé des enfants :

Bonjour à tous !

Si vous aimez lire les articles d’Eveil et Nature, alors j’imagine que vous vous trouvez régulièrement dans des environnements naturels, avec vos enfants. Et j’imagine aussi que, le plus souvent, vous ressentez que votre bien-être y augmente significativement. Vous pourriez en déduire, intuitivement, que le contact avec la nature peut avoir des effets bénéfiques sur la santé, et sur la santé des enfants en particulier. Et effectivement, de nombreux travaux de recherche pointent dans cette direction.

Plus généralement, qu’est-ce qui constitue un « environnement favorisant la santé » ? C’est ce que je vous propose d’aborder dans cet article.

Santé environnementale et enfants

La « santé environnementale » est le domaine scientifique qui traite de l’influence de l’environnement sur la santé. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) en donne une définition assez large.

« La santé environnementale comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. » (Conférence d’Helsinki, 1994)

En pratique, pendant longtemps, les études en santé environnementale ont principalement porté sur les maladies associées aux environnements pollués. Cette orientation peut se comprendre comme une déclinaison du principe « d’abord ne pas nuire » (primum non nocere). Et il y a de quoi faire, car les enfants présentent de grandes vulnérabilités face aux pollutions. Par exemple :

·        A poids corporel équivalent, ils mangent plus, boivent plus et respirent plus que les adultes [1]. Les enfants sont donc plus exposés [2].

·        Leur système de détoxification est encore en développement. Les polluants seront donc plus lentement neutralisés et éliminés [3].

·        Mais surtout, la construction de leur corps se base sur des procédés extrêmement sensibles, facilement perturbables au cours des « fenêtres de vulnérabilité » [4]. Pendant ces périodes, sans équivalent chez l’adulte, de faibles expositions à des polluants peuvent conduire à des dommages graves et irréversibles [5,6].

 

En résumé, comme le souligne L’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (US EPA), « les enfants ne sont pas de petits adultes ». 

Moins de pollution et plus de nature

Sur ces aspects de santé environnementale, dans mon métier d’ingénieur-expert, j’apporte ma contribution avec :

·        des évaluations de risques sanitaires et des études d’impact environnemental. Ces études visent à assurer que les émissions d’un site industriel – dans l’air et dans l’eau – ne conduisent pas à des risques préoccupants pour les riverains ;

·        des expertises pour orienter des politiques publiques de réduction des risques pour la population générale. Ces expertises peuvent être réalisées soit en direct auprès de ministères, soit par l’intermédiaire d’une participation à des comités d’experts.

Quand je suis devenu père, j’ai utilisé les connaissances et les outils de mon métier pour protéger (autant que possible !) mes deux filles des polluants du quotidien. Au fur et à mesure de ma progression en « santé environnementale pour parents », j’ai partagé mes découvertes et mes résultats sur le blog Santé des enfants et environnement.

De manière complémentaire, ce travail personnel m’a convaincu plus avant qu’il serait très regrettable de ne considérer l’environnement des enfants que comme une source de dangers potentiels, même dans le monde moderne classique. Au contraire, un environnement naturel de qualité peut apporter de nombreux bienfaits à la santé des enfants, à leur bien-être physique, mental et social, même en ville. En particulier, les espaces verts peuvent [7] :

·        réduire l’impact d’environnements dégradés. Par exemple : pollution de l’air, bruit, îlots de chaleur.

·        Renforcer les aptitudes par le ressourcement. Par exemple : relaxation, atténuation du stress, restauration de l’attention.

·        Aider à construire des capacités. Par exemple : activité physique, interactions sociales, stimulation du système immunitaire.

      Les bienfaits mesurés sont nombreux [8]. Selon certains auteurs de référence [9–11], ceci suggère que les espaces naturels constituent un des besoins fondamentaux des enfants.

Santé des enfants et environnements naturels

Dans la littérature scientifique, les résultats disponibles portent sur les environnements naturels en général, ou sur des aspects plus spécifiques. Par exemple : arbres, eaux de surface, jardins, paysages, lumière du soleil, etc.

A titre d’illustration, je vous propose de parcourir quelques études portant sur les environnements naturels en général. J’ai trouvé leurs résultats intéressants et j’ai eu envie de les partager avec vous.

En 1984, un article iconique est publié dans Science. L’étude comparait des personnes hospitalisées après avoir subi une ablation de la vésicule biliaire. La fenêtre de leur chambre donnait sur un environnement naturel (« a natural scene » ; ici, un petit parc arboré), pour un premier groupe, ou sur un mur d’immeuble en briques, pour un deuxième groupe. L’étude a trouvé que le premier groupe présentait des temps de séjours plus courts, faisait l’objet de moins de commentaires négatifs de la part des infirmières, et surtout avaient pris moins d’analgésiques !

 

Certaines personnes ont pu en déduire que la nature aide à guérir plus vite : c‘est certainement surinterpréter ces résultats, déjà bien enthousiasmants en eux-mêmes (on ne parle ici que de regarder la nature !), surtout avec des groupes de seulement quelques dizaines de personnes. Les conclusions de l’auteur sont plus prudentes : « Ces résultats impliquent que les décisions relatives à la conception et à l’emplacement des hôpitaux devraient tenir compte de la qualité des vues des fenêtres des patients ». Depuis, d’autres études ont aussi trouvé des effets bénéfiques à la présence de nature en milieu hospitalier [12–18], et notamment pour les enfants [19].

En 2008, un article portant sur les inégalités de santé liées aux revenus a été publié dans la revue The Lancet [20]. L’étude a trouvé que ces inégalités étaient les moins prononcées chez les populations les plus exposées aux espaces verts. Par exemple, concernant le taux d’incidence des décès toutes causes confondues, le rapport entre celui des personnes les plus défavorisés et celui des moins défavorisés baisse d’environ 30 % dans les zones les plus vertes. L’étude conclut que l’environnement peut être un facteur important de réduction des inégalités socioéconomiques en matière de santé.

Depuis, d’autres études se sont intéressées au lien entre inégalités de santé et présence d’espaces verts [21,22], notamment pour les enfants. Par exemple, une association a été trouvée avec le poids à la naissance, et cette association était plus forte chez les personnes aux statuts socioéconomiques plus faibles [23]. Ou encore, parmi les enfants d’âge préscolaire issus de familles à faibles revenus, la densité d’arbres dans les rues a été associée à moins d’obésité [24]. 

En 2009, une étude portant sur le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) a été publiée dans la revue Journal of Attention Disorders [25]. Partant du constat que, dans la population générale, l’attention est renforcée après une exposition à des environnements naturels, ces travaux ont étudié l’influence de ces environnements sur l’attention d’enfants présentant un TDAH. Ces enfants ont participé à des marches guidées de 20 minutes, soit dans des zones urbaines bien entretenues, soit dans un parc. Leur niveau de concentration mesuré a été significativement supérieur après la marche dans le parc. Cette augmentation était comparable à celles rapportées avec des médicaments à base de méthylphénidate (ex : Ritaline®).

Les auteurs concluent que des « doses de nature » pourraient être un autre moyen de gérer les symptômes du TDAH, peu coûteux et largement accessible. Depuis, d’autres travaux ont approfondi ce sujet d’étude [26–31].

Pascale d’Erm mentionne une explication à ses observations : « Dans un parc ou un jardin, les enfants hyperactifs trouvent l’espace pour jouer et imaginer leurs histoires, des arbres pour grimper, du calme et du silence, des oiseaux pour s’enchanter et des fleurs pour admirer » [32].

Entourons nos enfants d’environnements favorisant la santé !

Voilà pour ces quelques éléments que j’ai trouvés intéressants, sur le lien entre santé et environnements naturels. Si ce thème des environnements favorisant la santé vous intéresse, alors je vous invite à me retrouver sur le blog Santé des enfants et environnement. J’y partage des conseils et des astuces pour vous aider à entourer les enfants d’environnements plus sains, avec moins de pollutions et plus de nature. Vous pouvez également suivre mon travail sous la forme de podcasts et de vidéos.

Au-delà des potentiels bienfaits pour la santé, le célèbre architecte-paysagiste américain Frederick Law Olmsted (1822-1903) soulignait que l’expérience de la nature donne du plaisir à être en vie et accroît la capacité à être heureux [33]. Et ça, j’imagine que vous le saviez déjà 😉

A bientôt,

Guillaume.

1.           American Academy of Pediatrics (AAP). Pediatric Environmental Health. Library of Congress. 2012.

2.           Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP). Évaluation du deuxième Plan national santé-environnement. Haut Conseil de la Santé Publique. 2013.

3.           Landrigan PJ, Landrigan MM. Children and Environmental Toxins: What Everyone Needs to Know. Oxford University Press. 2018.

4.           Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). La santé des enfants et l’environnement numéro thématique. 2007.

5.           Grandjean P, Landrigan PJ. Developmental neurotoxicity of industrial chemicals. The Lancet. 2006.

6.           Barouki R, et al. Developmental origins of non-communicable disease: Implications for research and public health. Environmental Health. 2012.

7.           Barouki R, et al. Environnement et santé : quels impacts, quelles gouvernances ? Responsabilité & Environnement. Annales des Mines. 2021.

8.           Agence européenne de l’environnement (AEE). Healthy environment, healthy lives: how the environment influences health and well-being in Europe. 2020.

9.           Louv R. Une enfance en liberté. Éditions Leduc. 2021.

10.         Wilson EO. Biophilie. Jose Corti. 2012.

11.         Espinassous L. Besoin de nature. Editions Hesse. 2014.

12.         Gao C, Zhang S. The restorative quality of patient ward environment: Tests of six dominant design characteristics. Building and Environment. 2020.

13.         Park S-H, Mattson RH. Effects of flowering and foliage plants in hospital rooms on patients recovering from abdominal surgery. HortTechnology. 2008.

14.         Fjeld T. The effect of interior planting on health and discomfort among workers and school children. HortTechnology. 2000.

15.         Vincent E, et al. The Effects of Nature Images on Pain in a Simulated Hospital Patient Room. HERD. 2010.

16.         Marcus CC, Barnes M. Healing gardens: Therapeutic benefits and design recommendations. John Wiley & Sons. 1999.

17.         Diette GB, et al. Distraction Therapy With Nature Sights and Sounds Reduces Pain During Flexible Bronchoscopya: A Complementary Approach to Routine Analgesia. Chest. 2003.

18.         Malenbaum S, et al. Pain in its environmental context: implications for designing environments to enhance pain control. Pain. 2008.

19.         Qi Y, et al. Evidence-Based Design for Waiting Space Environment of Pediatric Clinics—Three Hospitals in Shenzhen as Case Studies. International Journal of Environmental Research and Public Health. 2021.

20.         Mitchell R, Popham F. Effect of exposure to natural environment on health inequalities: an observational population study. The Lancet. 2008.

21.         Mitchell RJ, et al. Neighborhood Environments and Socioeconomic Inequalities in Mental Well-Being. American Journal of Preventive Medicine. 2015.

22.         Lachowycz K, Jones AP. Does walking explain associations between access to greenspace and lower mortality? Soc Sci Med. 2014.

23.         Dadvand P, et al. Inequality, green spaces, and pregnant women: Roles of ethnicity and individual and neighbourhood socioeconomic status. Environment International. 2014.

24.         Lovasi GS, et al. Neighborhood safety and green space as predictors of obesity among preschool children from low-income families in New York City. Preventive Medicine. 2013.

25.         Faber Taylor A, Kuo FE. Children with attention deficits concentrate better after walk in the park. Journal of attention disorders. 2009.

26.         Amoly Elmira, et al. Green and Blue Spaces and Behavioral Development in Barcelona Schoolchildren: The BREATHE Project. Environmental Health Perspectives. 2014.

27.         Thygesen M, et al. The Association between Residential Green Space in Childhood and Development of Attention Deficit Hyperactivity Disorder: A Population-Based Cohort Study. Environmental Health Perspectives. 2020.

28.         Dadvand P, et al. Lifelong Residential Exposure to Green Space and Attention: A Population-based Prospective Study. Environmental Health Perspectives. 2017.

29.         Szczytko R, et al. Impacts of Outdoor Environmental Education on Teacher Reports of Attention, Behavior, and Learning Outcomes for Students With Emotional, Cognitive, and Behavioral Disabilities. Frontiers in Education. 2018.

30.         Balseviciene B, et al. Impact of Residential Greenness on Preschool Children’s Emotional and Behavioral Problems. International Journal of Environmental Research and Public Health. 2014.

31.         Markevych I, et al. Access to urban green spaces and behavioural problems in children: Results from the GINIplus and LISAplus studies. Environment international. 2014.

32.         Erm (d’) P. Natura: Pourquoi la nature nous soigne et nous rend plus heureux. Les liens qui libèrent. 2019.

 

33.         Law Olmsted F. Report on management of Yosemite. The Yosemite Valley and the Mariposa big tree grove. 1865.

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