Imaginez.
Aujourd’hui, on vous donne tous les pouvoirs pour aménager la cour d’école de votre enfant. Exactement comme vous le souhaitez, de la façon qui vous semble la plus propice à ses jeux, à son bien-être, à son développement, mais aussi, bien sûr, à ses apprentissages à l’école. C’est vous le maître d’oeuvre.
Génial! Qu’allez-vous proposer?
Je vous invite à choisir, parmi les 10 photos de cet article, laquelle illustre le mieux votre projet! 😉
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Photo: Nathalie
Prenez le temps de réfléchir. Oui, car tout de même, votre enfant y passe du temps, dans la cour de son école. Beaucoup de temps! Combien de temps, d’ailleurs? Et bien si on se base sur 2 récréations quotidiennes de 20 minutes auxquelles on ajoute 10 minutes d’accueil matin et après-midi et peut-être aussi le temps de pause méridienne… Cela fait entre 1 et 2 heures par jour d’école. Tiens! Ça me rappelle qu‘il est recommandé de permettre aux enfants de jouer librement dans un espace de verdure au moins 1 heure chaque jour. Cela évite les méfaits du Syndrome de Manque de Nature. Mais là, vous vous dites peut-être: « Heu… bah justement, la verdure, dans la cour d’école de mon enfant, c’est pas trop ça… ». Ah, zut… Mais comme aujourd’hui vous allez tout réformer, il n’y a plus de souci à se faire! 😉Une étude suédoise vous guide dans vos choix
Vous avez raison de penser qu’il va y avoir un parti pris dans le choix de l’étude que je vais proposer pour éclairer votre travail. Il n’en reste pas moins que j’ai choisi une étude qui a été réalisée selon un protocole scientifique parfaitement rigoureux. Il s’agit du travail mené par le suédois Grahn et son équipe en 1997.Photo: Asheville Area Habitat for Humanity
Voici ce que nous apprend cette étude. Deux crèches ont été étudiées pendant 1 an. L’une avait un extérieur classique (sol plat et lisse, gazon, aires de jeux bien délimitées, un parterre de fleurs, etc. Bref, comme la plupart des cours de nos écoles maternelles). L’autre avait un espace extérieur qui avait été conçu pour permettre aux enfants d’être au plus proche de la nature (jardin sauvage, grands arbres, rochers, bosquet, sol irrégulier, grande surface de sable, balançoires, cordes). Les deux crèches étaient comparables sur tous les autres points (surface du terrain, nombre d’enfant, catégories socio-professionnelles, réputation, etc.) Les enfants avaient entre 3 et 7 ans. On a étudié leurs compétences dans de nombreux domaines de développement. Et bien vous savez quoi? Les enfants fréquentant la crèche « naturelle » avaient de meilleurs résultats aux tests dans TOUS les domaines de développement. Par exemple, ces enfants:- arrivaient mieux à se concentrer
- étaient plus agiles
- étaient moins souvent absents pour cause de maladie
- étaient plus créatifs dans leurs jeux
- arrivaient mieux à résoudre les conflits
- étaient moins distraits
- étaient plus à l’écoute
- coupaient moins la parole
- avaient moins d’accidents
- semblaient moins agités…
Mon constat d’enseignante
Les cours d’école, je peux vous en parler. En 7 années d’exercice, j’ai eu le plaisir de fréquenter près de 50 écoles différentes (C’est que j’ai notamment été maîtresse remplaçante). Je peux donc vous parler de ce que j’ai pu observer dans la Drôme.De plus en plus de goudron
Propre et uniforme, irréprochable, le goudron neuf et lisse est l’habit de choix des cours d’école. Au moins, les pieds des enfants restent propres (vous avez pensé au ménage??), ils arrêtent de trébucher (mais rappelez-vous que dans notre crèche « naturelle », la motricité des enfants est plus développée, donc ils trébuchent moins!) et tout le monde est content. Les enfants s’en accommodent en jouant au foot ou avec leurs cartes pokémon… mais je veux bien croire qu’ils sont moins créatifs et qu’il y a plus de conflits!De moins en moins de terrains variés
Le sable ça fait déraper, les cailloux ça se lance, la terre ça colle, tout ce qui dépasse on peut se cogner dessus. Les fleurs? On les trouve belles alors on les met à l’écart, et interdit d’y toucher!…Les enfants aiment bien gratter la terre, jouer dans les petits trous, marcher dans les flaques? Oui mais après, leurs vêtements sont sales et mouillés… Ah! Épineuse question, celle des vêtements, comment allez-vous l’intégrer dans votre projet, vous, lecteur, qui allez remodeler votre cour d’école??Des petits coins où se cacher?
Un de ces jours, je vous parlerai d’une étude qui démontre les compétences que développe l’enfant lorsqu’il n’est pas toujours directement sous le regard de l’adulte. En tout cas, vous avez constaté comme moi que nos petits adorent se cacher dans des petits coins. Le problème, c’est qu’il est un peu moins facile de les surveiller… Alors là encore, on supprime! Enfin non, il reste des petits coins « homologués », par exemple les cabanes en plastique. C’est déjà ça!De la terre? Des plantes?
Mais la terre, c’est sale! Alors on supprime, la terre, aussi? Souvent, oui. J’ai malheureusement fréquenté plusieurs cours d’écoles dans lesquelles il n’y avait ni gazon, ni arbres, ni terre, ni rien. Que du bitume… Alors on distribuait des cordes à sauter et des petits vélos aux enfants pour qu’ils se dépensent quand même. Cependant, dans de nombreuses écoles il y a des projets de jardinage. Ce sont souvent des petits laboratoires de poche qui permettent d’observer la croissance de quelques plantes (et c’est déjà une sacrée source d’émerveillement!). Ils sont en général placés sur le bord ou dans un coin. On espère ainsi préserver les plantations des petites mains ravageuses. Les enfants n’ont en général pas le droit d’y accéder en dehors des séances encadrées. Je n’émets sur ce point pas de jugement de valeur. La critique est facile alors que de petites initiatives demandent souvent déjà beaucoup d’efforts. Je me doute seulement que si l’espace végétal était majoritaire dans les cours d’école, les petites mains testeraient la résistance des feuilles sur d’autres plantes que celles des plate-bandes. Il ne serait sans doute plus nécessaire d’interdire aux enfants de s’approcher des cultures!Photo: Ted Eytan
Quelques cours dignes de notre crèche « naturelle » suédoise
Après avoir brossé ce bien noir tableau, j’ai tout de même envie d’évoquer les quelques cours d’écoles qui ont encore un terrain varié et végétalisé. Il y en a peu. Mais il y en a, c’est donc que c’est possible! La première à laquelle je pense, elle est dans un petit village du Vercors. Côté nature, les enfants sont servis, là haut! Cette cour a un jardin clos d’un muret en vieilles pierres, abrité sous un gros tilleul. Les enfants y sont à l’affût des lézards et des ptites bêtes, ils entendent les cloches des vaches. Ils n’ont tout de même pas trop le droit d’escalader le muret… A ce propos, je vous parlerai rapidement tout à l’heure de la responsabilité des enseignants en cas d’accident. J’ai vu aussi une cour d’école immense, avec une grande pelouse en pente. Les enfants la dévalait en roulant, cette simple pente était source d’innombrables jeux! Une autre était cerclée de buissons. Les enfants y vivaient leurs petites aventures! Nous savions bien où les trouver en cas de besoin, mais je me souviens qu’il y avait assez peu de conflits à régler dans cette cour. Les enfants avaient leurs territoires, leurs refuges! La dernière à laquelle je pense est celle de mon village, celle où ira ma fille. Talus à escalader, pelouses, sable et petits cailloux, arbres… Les enfants s’y régalent! Les enseignants peut-être un peu moins. C’est que pour assurer la surveillance, il faut se répartir entre 3 espaces… cela demande une certaine organisation!Photo: Jane Bain
A qui la faute?
Des questions de sécurité et de responsabilité
Il y a quelques années, j’étais directrice dans une école maternelle. J’ai eu à monter un dossier intitulé DUER: Document Unique d’Évaluation des Risques. J’étais notamment chargée d’y mentionner chaque élément de la cour d’école qui pouvais représenter un risque potentiel. Je devais ensuite présenter ce dossier à la mairie: c’est en effet la commune, en tant que propriétaire et gestionnaire de l’école, qui est chargée de l’installation et de l’entretien de la cour. (« L’aménagement et l’entretien des espaces extérieurs réservés aux élèves, ainsi que l’installation et l’entretien des matériels mis à leur disposition relèvent également de la compétence de la commune », extrait du Règlement Type Départemental des Ecoles Publiques). Je me revois en train de faire le tour de la cour de récré, accompagnée de 2 agents communaux, pataugeant des deux pieds dans le principe de précaution, pointant gentillement chaque élément pouvant représenter un risque plus ou moins imaginaire. Nous avons tout de même opté pour une certaine tolérance à l’égard de certains éléments (non, la cour n’était pas uniformément plate!), mais planait au dessus de nos tête la redoutée Epée de Damoclès brandie par le spectre de parents malveillants, prêts à porter plainte au moindre bobo de leur enfant…Photo: Leslie Duss
Imaginez ce que j’aurais mentionné dans mon DUER si la cour avait été aménagée selon mes rêves les plus fous, avec des arbres pour y grimper, des buissons pour s’y cacher et des cordes pour s’y balancer? La mairie aurait-elle trouvé un organisme disposée à homologuer de tels équipements? (à ce propos, vous pouvez jeter un oeil à ce document de synthèse élaboré par la Maif, intitulé « Sécurité et Responsabilité dans les écoles ») Une solution s’offrait à moi: ne rien mentionner mais endosser TOUTE la responsabilité. Les enfants auraient sûrement profité des mêmes bénéfices que ceux de notre crèche naturelle, cependant en cas de pépin, j’étais hors la loi et passible de sanctions auxquelles je n’ose même pas songer. D’ailleurs, est-ce si sûr??Une affaire culturelle
Comme souvent, on craint le pire, mais si on se penche sur le cadre posé par la loi, on se rend compte que tout n’est pas si figé. Je vous invite à jeter un œil au document ci-contre, trouvé sur un site ministériel. Il précise le cadre en vigueur dont il faut tenir compte lorsque l’on aménage une aire de jeux. J’y retrouve surtout beaucoup de bon sens! En gros, lorsque je réalise un aménagement collectif, qui aura pour vocation d’être utilisé par beaucoup d’enfants et très fréquemment, je cherche à éviter toutes les mauvaises surprises. Par exemple, les matériaux sur lequel il est prévu que les enfants prennent appui ne doivent pas se casser ou se détacher inopinément. Rien ne m’empêche de mettre de l’herbe, de semer à la volée quantité de fleurs des champs, d’implanter un bosquet, de disposer un tronc d’arbre au sol ou même des rochers, de conserver un talus en pente, d’accrocher une grosse corde à un arbre, ni même de permettre aux enfants de monter dans cet arbre. Sous certaines conditions et aménagements, qui relèvent du bon sens et de la connaissance de l’enfant ou de réactions d’enfants en groupe. Il s’agit alors d’intégrer ces aménagements dans un projet pédagogique et de conduire un travail collaboratif (équipe enseignante, mairie, parents, équipe de circonscription…). Ah! C’est là que ça se complique! En effet, si de tels aménagements des espaces extérieurs de l’école étaient culturellement acquis, chacun saurait déjà quel rôle jouer dans le projet, personne n’aurait rien à prouver et tout le monde serait confiant, y compris les parents d’élèves. Or, la culture collective n’envisage en premier lieu que des cours d’écoles les plus traditionnelles possibles, goudron, toboggan amorti sur un sol en gomme, platane, marelle tracée au sol et éventuellement carré de pelouse dans lequel on ne va pas quand c’est mouillé. J’exagère?… Je crois donc qu’il faudra des générations de pionniers qui vont devoir se mouiller, se justifier lors d’interminables réunions, essuyer les critiques ou le refus des plus craintifs et rentrer bien fatigué le soir, parfois à en rêver la nuit… Pourtant, j’ai le sentiment que ces pionniers sont déjà en route!Photo: Dylan Passmore
Et si tout cela changeait bientôt?
La mode est à la biodiversité (et c’est tant mieux!)
Cela a commencé avec le Sommet de la Terre à Rio en 1992, puis 2010 fut déclarée année de la biodiversité. Et de plus en plus fleurissent les projets visant à enrayer la chute de la biodiversité, ou du moins à sensibiliser l’opinion publique à cette question. A cela s’ajoutent des études venant nous prouver à quel point l’homme a besoin de la diversité biologique pour son équilibre… Et petit à petit, des projets visant à faire entrer la biodiversité dans les cours d’écoles voient le jour! Toutefois, la crèche suédoise mentionnée dans notre étude n’avait pas spécialement pour projet de faire entrer la biodiversité à l’école, mais plutôt de faire vivre la nature aux enfants. Cela passe avant tout par une sorte de terrain d’aventure au naturel auquel les enfants ont accès chaque jour. Mais qui, malgré le piétinement, doit sûrement bien plus foisonner en biodiversité que nos bonnes vielles cours d’écoles!Photo: michael.biermann
Qui porte le flambeau de ces actions?
C’est plutôt du côté des écoles privées ayant un projet globalement tourné vers la nature qu’il faut chercher. Près de chez moi, dans la Drôme, je peux par exemple citer l’école des Amanins, fondé en 2004 notamment par Pierre Rabhi et Isabelle Peloux. A l’étranger, le terreau semble parfois plus fertile, notamment dans les pays scandinaves ou germaniques mais également aux Etats Unis. C’est aux pays-bas que j’ai trouvé le plus de projets à ce sujet sur internet. Je vous propose un aperçu en images de cours d’écoles ayant ouvert leur porte à la nature sur mon tableau Pinterest: (cliquez sur l’image pour accéder au tableau) Mais il y a aussi de formidables initiatives dans certaines écoles publiques françaises. Saluons-les bien bas! Voici par exemple un aperçu d’un projet mené dans une école maternelle, avec l’accompagnement du Centre d’éducation à l’environnement CARDERE (Rouen):Qu’en disent les programmes scolaires?
La mode est à la biodiversité (il était temps!). Dans les écoles, les sciences naturelles ont toujours été au programme et il est depuis longtemps préconisé de prendre appui pour certains apprentissages sur l’environnement immédiat de l’école. Parle-t-on de nature dans la cour d’école dans les textes officiels? Et bien oui! J’en faisais déjà état dans une précédente vidéo … Voici notamment ce que précise une circulaire, parue en février dernier et intitulée « Instruction relative au déploiement de l’éducation au développement durable dans l’ensemble des écoles et établissements scolaires pour la période 2015-2018 »:Afin de généraliser les initiatives visant au retour de la nature et de la biodiversité dans les écoles et les établissements, la création de « coins nature » dans les écoles est encouragée.Encourageant, non?
Photo: Nirmal & Humaira
De plus en plus de ressources documentaires
Autre bonne nouvelle, c’est que pour les courageux qui souhaiteraient se lancer dans de tels projets, il y a de plus en plus de ressources, d’EXCELLENTE qualité, des mines d’or d’idées, d’informations et de séquences clé en main à mener avec ses élèves! Sans surprise, il s’agit souvent de travaux issus du milieu associatif. Voici 3 dossiers que je recommande chaleureusement. En plus, on peut les télécharger gratuitement! Je vous conseille également de faire un détour par le site de Biodiville qui, je pense, recense la totalité des ressources disponibles!… Enfin non, il en manque une… C’est à dire que, comme je le mentionnais plus haut, faire vivre la nature aux enfants ne passe pas forcément par un projet sur la biodiversité. Même si par la suite, je ne doute pas que les enfants fait d’un coin de nature leur terrain de jeu auront sans doute de certaines prédispositions pour se sentir concernés par les projets sur la biodiversité! Voici donc cette ressource. Elle ne date pas d’hier, elle date d’une époque où l’école n’était pas encore entrée en mode « Planet clean », pour reprendre les mots de Louis Espinassous à propos du principe de précaution…De plus en plus de parents comme vous?
Pour qu’un renouveau ait lieu dans nos cours d’écoles, il faut des enseignants motivés, des municipalités ouvertes… et des parents partie prenante! Bien sûr, en tant que parents, nous serons toujours soucieux de la sécurité de nos enfants. Mais je pense que nous sommes de plus en plus nombreux à nous dire que cette sécurité ne passe pas par un environnement exempt de toute « aspérité », et encore moins de nature! Alors faisons-le savoir autour de nous, soutenons les enseignants lorsqu’ils sont porteurs de tels projets, impulsons-les quand cela est possible… Et arrêtons de leur casser les pieds quand notre enfant rentre de l’école avec de la terre sur ses chaussures ou un vêtement déchiré! En fait, s’il est une campagne à mener, c’est sans doute sur les vêtements d’enfants et l’usage qui en est fait… Peut-être s’agit-il d’un des frein culturel majeur?…Pour conclure
Bon! Revenons à nos moutons…Photo: Leslie Duss
Depuis le début de cet article, vous avez donc pu réfléchir à quelle cour d’école vous souhaiteriez pour votre enfant. Et bien la parole est à vous! Je vous propose dans un premier temps de choisir parmi les photos numérotées de cet article laquelle représente le mieux cette cour. Faites-nous connaître votre choix dans la rubrique des commentaires! Mais comme le choix est restreint, alors n’hésitez pas à nous donner des précisions. L’étape suivante sera… de passer à l’action? Oui, et vite, parce que ces cours d’écoles, nous les souhaiterions tant que nos enfants y sont, si possible!! EmiliePhoto: Leslie Duss
(Jingle du podcast: source sonore: www.universal-soundbank.com, Chant d’oiseaux variés et Senegal – inst : Tambours – Voix)
[…] réflexion autour des cours d’écoles (oui je sais, on est en plein mois de juillet !) : choisissez la cour d’école de votre enfant : un inventaire des types de cours d’école et des questions pertinentes sur les choix que […]
Je tombe par hasard sur ce site merveilleux et sur cet article qui, à moi aussi, me fait du bien ! Non je ne suis pas seule à vouloir plus d’herbe et que les enfants sautent dans les flaques et creusent la terre dans la cour de leur école !
Je me sens pourtant bien seule, conseillère municipale dans un village péri-urbain (péri-rural ?) où la réfection de l’école qui a lieu actuellement consiste à niveler et enrober l’ensemble des espaces extérieurs. Et les trois carrés d’herbes qui résistaient ? Enrobés ! Ils ne servent à rien, ça fait de la boue, ça salit les salles de classes. Même les maîtresses veulent qu’on les supprime, me dit-on !
J’ai bataillé pour quelques mètres carrés de plates bandes où faire pousser des arbustes, mais je ne me retrouve pas dans votre enthousiasme sur les changements à venir. Nous sommes en 2021 et je passe pour une écolo réac tout droit descendue de mon Larzac… Pardon pour le cliché mais j’ai face à moi des personnes pleines de bonnes intentions mais qui pensent la même chose que leurs prédécesseurs et leurs prédécesseurs avant eux etc… Les mentalités changent peu, ou malheureusement changent plus vite en ville ? Je me suis appuyée sur le projet des cours oasis de la ville de Paris pour montrer des aménagements possibles, mais finalement, dans un village où nous avons encore accès à la nature, cette dernière n’est pas au cœur des préoccupations ! C’est désespérant mais merci pour cet article et toutes les références dans lesquelles je vais pouvoir piocher !
Dans l’école où j’enseigne il y a un petit lieu magique derrière les buissons , pentu et avec des racines… le genre d’endroit dont les marmots raffolent pour se créer leur univers, gratter la terre, creuser, bâtir, partir loin dans l’imaginaire. Mais pour l’instant l’équipe enseignante est défavorable à ce que cet espace soit investi par les enfants car trop dangereux et difficile à surveiller… affaire à suivre. Cela n’empêche pas l’équipe de se mobilier pour penser une cour d’école plus vivante, plus créative et , surtout plus… ensauvagée. La réflexion ne fait que commencer mais nous avons amorcé une réflexion autour de la répartition des espaces et du matériel (afin que l’immense majorité de la cour, occupée par le terrain de foot ne soit pas réservée aux garçons footeux du CM2), de permettre une rotation au jardin à chaque récréation, des jeux de cour, des craies pour dessiner au sol, en attendant d’avoir encore de plus riches idées. Une roue en « camembert » permet de définir quel espace est disponible pour quelle classe à chaque récréation. Pour ma part, je tiens à ce que l’investissement au jardin permettre de construire du collectif et d’oser la matière. La première étape a été d’apporter une brouette, des pelles et de benner un gros tas de fumier au milieu de la cour. Ainsi à chaque récréation, quelle joie de voir; au coeur de notre quartier urbain, des enfants pelleter, pousser la brouette, gratter la terre, ratisser… Le reste est à venir, nous avons tous hâte! Pour nourrir la réflexion, le film « Les enfants du dehors » tourné à l’école du dehors de l’école Jacqueline à Strasbourg est bien inspirant.
Un GRAND merci Delphine pour ton témoignage: il est une source d’inspiration précieuse!!
On souhaite à vos petits élèves de se réapproprier leurs jeux d’enfants grâce à ces initiatives… On a hâte de recevoir des nouvelles de la suite 😉
Bonjour à tous. Je trouve ce projet de cour d’école naturelle vraiment bon.
Jamais l’idée d’une cour jardin ne m’était venue.
Preuve sans doute de l’image fixée que l’on se fait de ce qu’une cour d’école doit-être..
J’imagine que le problème des taches et de la surveillance sont les principaux problèmes malgré tous les avantages d’un environnement le plus naturel possible au cœur d’environnements les plus urbains.
Peut-être pourrait-on fournir aux élèves des combinaisons qui ne craignent pas la boue et les buissons? ( Même si j’imagine, cela pose problème pour le budget municipal, a moins que ce soit à la charge des parents comme une partie du matériel scolaire l’est ) et aussi de quoi se laver les mains à l’extérieur.
Pour la surveillance, il est regrettable que les municipalités n’aient plus les moyens de fournir des surveillants aux établissements.
Dans une cour jardin avec potentielles cachettes, je pense qu’il faudrait qu’un des maîtres se trouve en hauteur. Depuis une salle si possible. Sinon, dans une sorte de poste en hauteur ou il puisse avoir une vue d’ensemble de la cour et un collègue en bas prêt à intervenir.
Dans la cour de l’école de ma fille, les enfants jouent en toute liberté dans un espace naturel vaste (cette école se trouve en montagne). Les adultes ne voient pas tous les endroits auxquels les enfants accèdent mais une relation de confiance profonde est au coeur du projet pédagogique, donc faisant partie des apprentissages menés par l’équipe pédagogique.
Lorsque les enfants en ont le besoin, ils solicitent l’aide des adultes. A ma connaissance, aucun incident grave n’est à déplorer, pas plus que dans les cours d’école que j’ai pu surveiller lorsque j’étais enseignante, dans lesquelles les enfants se blessaient fréquemment sur le goudron, nécessitant parfois des points de suture…
Il s’agit simplement d’un changement de paradigme! 🙂
merci Emilie pour ce super chouette article!! Je vais l’imprimer! Ca bouge même plus en France qu’en Belgique on dirait!!
Ça ne bouge pas très vite malheureusement… Mais à force de semer des petites graines, elles germent! (les enfants n’attendent que ça) 😉