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Etes-vous Parent-colibri ou Parent-hélicoptère

  Laissez-moi deviner… Vous êtes né dans les années 70 ou 80, vous vivez en France, au Canada ou aux Etats-Unis, vous avez un ou des enfants… Il y a de fortes chances pour que vous soyez plutôt Parent-hélicoptère. Je vous l’accorde, le terme n’est pas très élogieux.   Vous pouvez écouter le podcast directement sur le blog en cliquant sur le bouton Lecture.  Pour enregistrer le podcast sur votre ordinateur et l’écouter en faisant la vaisselle par exemple, en faisant un clic droit ici, puis Enregistrer le lien sous.    Enfant dans les marais

Mais au juste, c’est quoi un Parent-hélicoptère?

Je vous rassure, rien de grave. Il s’agit simplement d‘un parent qui aime son enfant et qui veut tout mettre en oeuvre pour son bien-être et surtout sa sécurité. Et pour cela il veille. Il garde toujours un œil vigilent sur lui, sait qu’une minute d’inattention de sa part peut être la porte ouverte à l’irréparable. Les dangers sont tellement nombreux: se faire renverser par une voiture, agresser par un individu malveillant, se blesser en jouant, en grimpant dans un arbre, se perdre… Tel un hélicoptère qui effectue constamment ses rondes, le Parent-hélicoptère surveille. Tant que son enfant sera sous son œil vigilent, rien ne pourra lui arriver. Au pire, ce parent a prévu toutes les protections nécessaires: barrière pour éviter de se brûler avec la cheminée, multi-protections en cas de chute, baby-phone qui devient ensuite téléphone portable… Dans ce contexte, l’enfant évolue constamment protégé contre toutes les agressions potentielles.  

Qu’en est-il du Parent-colibri?

Enfant des marais
Jeune oisillon-colibri à la découverte du vaste monde…
  Considérons tout d’abord le colibri, ce petit oiseau que vous connaissez certainement. Il volette avec légèreté de fleur en fleur dont il se nourrit du nectar. Très prévenante, maman colibri couve ses œufs lorsqu’il fait froid mais leur fait aussi de l’ombre lorsqu’il fait trop chaud. Une fois nés, les petits sont incapables de se débrouiller seuls et sont nourris plusieurs fois par heure. Ils grandissent à vue d’œil, se couvrent de plumes et font bientôt leurs premiers essais… de vol! Avec légèreté, maman colibri continue de les nourrir et leur apprend à reconnaître les fleurs nectarifères. En revanche, ses petits savent qu’elle les laissera apprendre à voler de leurs propres ailes. Dès le début! Ils se lancent donc à leur mesure mais ne comptent pas sur la prévenance de l' »adulte » pour leur éviter un désagrément. A eux de développer leurs propres stratégies pour construire un vol efficace et éviter tout ce qui est désagréable ou douloureux.   Le Parent-colibri fonctionne de même. Dès le milieu de l’enfance, il sait que son enfant va naturellement commencer à sortir du nid. Il ne s’y opposera pas. Il sait qu’à chacun de ses vols son enfant construit ses propres défenses mais aussi développe ses habiletés. Il sait que pour développer son estime de soi, l’enfant a besoin de sentir que l’adulte peut lui faire confiance. Il sait que pour construire son identité l’enfant a besoin de son espace de liberté, au-delà du champ de vision de ses parents. Bien entendu, il ne s’agit pas d’envoyer son enfant dans la rue dès son plus jeune âge, livré à lui-même, en se disant: « C’est pour son bien, il va apprendre la vie par lui-même! ». Tout est question de dosage, d’écoute et de bienveillance. Le Parent-colibri veille particulièrement à ce que son enfant intègre des réflexes et des habitudes convenables pour évoluer avec une certaine liberté tout en étant en sécurité. Comment traverser la route, grimper dans un arbre ou jouer aux abords de la rivière… Tout ceci a fait l’objet d’apprentissages rigoureux et le parent agrandit l’espace de liberté à la mesure des capacités de son enfant. Des limites géographiques et temporelles sont fixées. La confiance est la clé de voûte.  

Je suis moi-même fille de « Parents-colibris »

(oui, papa, maman, je vous rends ce petit hommage… 😉 ).
Enfants dans les roseaux
Rappelez-vous de vos plus beaux souvenirs d’enfance… Ne sont-ils pas hors du champ de vision des adultes?…
  Je peux donc témoigner de ce style éducatif que je considère comme la chance de mon enfance. J’ai aimé naviguer entre le petit bois du fond du jardin et les champs alentours. Y être tour à tour un écureuil construisant son nid dans les branches ou un trappeur solitaire connaissant chaque recoin de son territoire, chaque terrier, chaque piste animale… Bien sûr il y a avait la route avec ses camions, et puis ce voisin un peu louche que j’évitais de croiser… Bien sûr il y a eu quelques « loupés », ce chien qui m’a mordue et une ou deux belles « gamelles »… Bien peu finalement! Au regard de tous ces arbres escaladés, toutes ces cabanes construites, ces lapins observés à l’affût, ces rêves d’enfant vécus au quotidien. A 5 ans, ces aventures avaient lieu juste derrière la maison. A 6 ans, dans le pré d’à côté. Puis un peu plus loin, et bien souvent hors du champ de vision de mes parents. Ces souvenirs sont aujourd’hui ma force, mon identité. J’ai plongé mes racines dès l’enfance dans cet univers nature que j’ai fait mien. J’aimais cette nature, maladroitement je voulais déjà la protéger. Ces champs et ces bosquets étaient une part de moi-même, un refuge apaisant, un lieu de jeux innombrables. Voilà pourquoi aujourd’hui, c’est avec tristesse que je constate que tout pousse chaque parent à être un « Parent-hélicoptère ». Je crois pourtant que nos enfants souffrent d’être trop protégés. Je crois avant tout que cela les coupe de bien des apprentissages qu’ils pourraient faire par eux-mêmes. Que cela les éloigne d’une nature qui serait pour eux un terrain de jeux et d’éveil sans autre pareil. Que cela leur permettrait de plonger leurs racines grâce auxquelles l’adulte qu’ils deviendront sera épanoui et enclin à respecter le monde dans lequel il vit.  

Je souhaite à mon tour…

…savoir être pour ma fille un Parent-colibri. Je souhaite à tous les enfants d’avoir la chance de connaître un espace de liberté, mesuré et bienveillant.   Si ce message vous parle, pour que volent les colibris dans notre ciel occidental moderne… alors je vous remercie de le partager!
 

Parent-hélicoptère, Parent-colibri… d’où viennent ces métaphores?

C’est en lisant les « Conseils nature » du Dr Scott que j’ai découvert ces deux appellations. Comment ne pas vous les faire découvrir?! Si vous lisez un peu l’anglais, je ne peux que vous inviter à lire les conseils nature de Scott Sampson et surtout son livre qui vient tout juste de paraître et qui s’intitule: How to raise a wild child: the art and science of falling in love with nature. Ce que l’on pourrait traduire par: « Comment élever un enfant sauvage: l’art et la manière de tomber amoureux de la nature »Depuis mars 2016, découvrez la version française du livre: comment-elever-un-enfant-sauvage-en-ville RaiseWildChild  
(Jingle du podcast: source sonore: www.universal-soundbank.com, Chant d’oiseaux variés et Senegal – inst : Tambours – Voix)
   
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Sasha
Sasha
8 années il y a

Maman-hélicoptère mais partageant la vie d’un papa-colibri, ce qui a permis de canaliser mon côté trop protecteur. Nous vivons maintenant en Allemagne, à la campagne et ça aussi m’a permis de doucement glisser vers la maman « hélicocolibri »… 😀 Merci pour cet article.

Emilie
9 années il y a

Alors bienvenue au club des parents colibris! Enfin… parent colibri est pour moi un objectif à chaque instant… mais un petit hélicoptère sommeille en moi et décolle parfois quelques temps. J’apprends à le dompter, mais dans notre culture, cette espèce est un peu trop invasive! 😉

stéphanie
stéphanie
9 années il y a

merci émilie pour cet éclairage que je ne connaissais pas. je suis donc une colibri et heureuse de l’être !

Guillaume
9 années il y a

Merci pour le partage de point de vue et le retour d’expérience intéressants. Le jeune papa que je suis va mûrir cette idée avec la maman 🙂

Emilie
9 années il y a
Répondre à  Guillaume

En gardant là à l’esprit qu’il s’agit d’une métaphore… et que tout est question de dosage! Mais prendre un peu de recul sur la question est à mon avis nécessaire.

madame croc
madame croc
9 années il y a

Pour ma part, j’ai un peu de peine avec cette catégorisation, pourtant assez joliment imagée. J’accompagne pour ma part mes enfants dans le chemin de l’autonomie, en étant tour à tour parent-hélico ou parent-colibri, comme le dit joliment votre maman, « hélicocolibri » 🙂
Comme d’autres l’ont fait remarquer, tout – ou disons beaucoup – dépend de l’environnement dans lequel on vit: être parent-colibri paraît bien plus facile dans la campagne (un environnement assez sûr!) qu’en ville (où il y a objectivement bien plus de dangers), par exemple, ou au bord d’une falaise, ou d’une grande prairie!
De plus, ayant moi-même deux enfants très différents s’agissant de l’autonomie, je me rends également compte qu’il ne s’agit pas seulement d’une question d’éducation ou d’environnement, mais que certains enfants ont besoin d’être plus accompagnés que d’autres, qui eux volent plus vite de leurs propres ailes.

Emilie
9 années il y a
Répondre à  madame croc

madame croc…
Je suis tellement d’accord avec votre propos que je pense que cela fera l’objet d’un prochain article. Ce premier article est une métaphore. Un peu provocatrice, un peu simpliste aussi, mais qui laisse une trace, imagée. Je pense que nous sommes beaucoup d’hélicolibris! Je ne souhaite jeter la pierre à aucun parent, surtout pas à ceux dont le milieu de vie oblige à 1000 précautions (très souvent à cause des voitures d’ailleurs et d’un aménagement urbain bien loin de considérer l’épanouissement de nos enfants…). Je souhaite juste titiller un peu une tendance surprotectrice bien réelle dont nous sommes, plus ou moins consciemment, un peu victimes. Enfin c’est mon point de vue!

Emilie