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Aide individualisée, soutien scolaire, aide personnalisée, programmes personnalisés de réussite éducative, stages de remise à niveau… Je m’arrête là? Je pourrais en ajouter des lignes tant les dispositifs visant à la réussite scolaire et luttant contre l’échec scolaire sont nombreux. Et pour cause! Peut-être de tels dispositifs ont-ils déjà été proposés à vos enfants. Qu’en avez-vous pensé? Loin de moi l’idée de m’attaquer à ces outils. Je vais toutefois partager avec vous mon point de vue à leur propos. Mais avant, j’aimerais vous confier ceci: j’avais l’intuition que certaines clés de la réussite scolaire étaient « dans la nature ». Depuis quelques temps, je m’intéresse à l’avancée de la recherche à ce propos. Et je me réjouis: il y a des dizaines d’études qui confirment mon intuition! Cet article a pour but de partager avec vous mes dernières trouvailles sur ce sujet. Il nous faudra ensuite trouver un moyen de passer à l’action, et vite! Nos enfants grandissent, ce serait dommage de ne pas leur faire profiter de ces bonnes nouvelles! Vous pouvez écouter le podcast directement sur le blog en cliquant sur le bouton Lecture. Pour enregistrer le podcast sur votre ordinateur et l’écouter en faisant la vaisselle par exemple, en faisant un clic droit ici, puis Enregistrer le lien sous.
Photo: U.S. Fish and Wildlife Service Northeast Region
Élèves en difficulté scolaire: mon témoignage de maîtresse d’école
Lors de mes débuts dans ce métier il y a 7 ans, nous expérimentions les premières séances d‘aide personnalisée. Vous savez, les enfants qui ont une difficulté passagère et qui restent un moment après la classe pour y remédier. Enfin… en théorie! En pratique, ce sont bien souvent les élèves avec de sévères difficultés scolaires qui se sont vus abonnés à l’aide perso. De mémoire, il me semble qu’une étude a montré que les élèves qui bénéficiaient de cette aide en CP… sont majoritairement ceux qui s’y collent encore en CM2! Ce qui ressemble à peu près à ce que j’ai pu observer.Quel bénéfice pour ces enfants que l’on dit « élèves en difficulté »?
Photo: Centre d’Action Laïque de la Province de Liège
Peut-être y a-t-il passagèrement des bénéfices sur certaines petites compétences scolaires. Malheureusement, je pense qu’il s’agit souvent de temps perdu… car de mon point de vue, ces mêmes enfants gagneraient largement au change en ayant à la place un temps de jeu libre et actif dans un parc sympa ou un jardin un peu touffu! Et comme je vous le disais, cela est sans cesse prouvé par de nouvelles études.Les « déclics » positifs que j’ai pu observer
En temps que maîtresse d’école? Il y en a eu, bien sûr. Mais j’ai bien souvent eu l’impression qu’ils étaient dus davantage à une maturation de l’enfant (« il a passé un nouveau cap! ») qu’à un dispositif particulier. Non, en revanche, des déclics, j’en ai quelques uns en mémoire. Je n’étais pas encore enseignante, mais animatrice nature. J’encadrais alors des classes de découvertes, à la campagne ou en montagne. Les séjours duraient généralement 5 jours, jusqu’à 2 semaines (pour les petits parisiens: grâce aux aides de la ville de Paris!). Il fallait attendre en général 3 ou 4 jours… Puis cela se manifestait de diverses façons: souvent, c’était l’enseignant(e) de la classe qui nous disait: « C’est incroyable, le petit Bryan… je ne le reconnais pas. Je découvre un nouveau Bryan! ». Parfois, c’était l’enfant lui-même qui en témoignait. Je me souviens clairement de ce petit Moussa qui m’avait dit: « Moi, je veux pas retourner à Paris. Je veux élever des chèvres, comme Jean-Marc! ». Moussa, qui était un enfant anxieux et sur la défensive, parfois agressif les premiers jours, était peu à peu devenu souriant et joueur! Dans tous les cas, une relation nouvelle émergeait entre l’enfant et ses pairs (qui eux aussi le découvrait sous un autre jour, lui permettant d’accéder à un autre rôle dans le groupe) et avec l’enseignant(e) de la classe. Un nouveau départ en quelques sortes!Photo: woodleywonderworks
Nature et Réussite scolaire: 6 études à l’appui (et il y en a d’autres!…)
Voici une sélection d’études qui, mises bout à bout, ne laissent plus place au doute: être en contact avec la nature favorise réellement la réussite scolaire d’un enfant! Tests standardisés: Une meilleure réussite dans les établissements utilisant l’Environnement comme Contexte d’Intégration des apprentissages (Environment as an Integrating Context for learning) Dans ces écoles, autant que possible, les apprentissages se font en prenant directement appui sur l’environnement immédiat de l’école. Les enfants sont donc plus souvent dehors, y compris dans des lieux de nature, et acteurs de leurs apprentissages. D’après cette étude, les élèves d’écoles intégrant de tels programmes obtiennent en moyenne de meilleurs résultats aux tests standards de mathématiques, écriture, lecture et sciences. Mais ce n’est pas tout! Cela favorise aussi l’estime de soi des enfants, leur enthousiasme à apprendre, leur fierté de savoir. Les problèmes de discipline sont bien moindres que dans les autres établissements (indépendamment de la zone d’implantation) ainsi que l’absentéisme!- Environmental Education: Improving Stdent Achievement, Oksana Bartosh, 2003
- Place-based Education and Academic Achievement, Michael Duffin, PEER Associates, Inc., 2005
Photo: USFWS Mountain-Prairie
Concentration: bien meilleure après une promenade dans un parc
D’après cette étude, 20 minutes de marche dans un parc urbain suffisent à élever notablement le niveau d’attention d’un enfant. Cela est également vrai pour les enfants qui présentent un déficit d’attention plus sévère.
Troubles de Déficit de l’Attention avec Hyperactivité (TDAH) : des améliorations après des temps de jeu libre réguliers dans la nature Cette étude suggère qu’un temps de jeu, dehors, chaque jour, permet de diminuer les symptômes d’enfants atteints de TDAH. Cela est particulièrement efficace si ces jeux ont lieu dans un espace de verdure plutôt qu’à l’intérieur ou dans un milieu dépourvu de nature.- Could Exposure to Everyday Green Spaces Help Treat ADHD? Evidence from Children’s Play Settings, Andrea Faber Taylor, Frances E. Kuo, 2011 (merci Guillaume pour le lien! 😉 )
- Green time for Sleep time, Trhree ways Nature and Outdoor Time Improve your Child’s Sleep, Kevin J. Coyle, National Wildlife Federation
- Dewer, G. Signs of sleep deprivation in children and adults: A guide for the science-minded parent, Parenting Science , 2008
Photo: DebMomOf3
Conclusion
Certaines études mettent le projecteur sur ces établissements scolaires qui intègrent le milieu naturel à leurs programmes d’apprentissage et qui réussissent. Il n’y a plus qu’à espérer que cela ait petit à petit des retentissements jusque dans nos écoles! Mais le but de cet article n’est pas de questionner les pratiques de classes. Cela serait pourtant fort intéressant mais… Je souhaite m’adresser à vous, parents, qui vous demandez peut-être « Mais qu’est-ce que je peux faire pour favoriser la réussite scolaire de mon enfant? ». Je me doute que vous avez plus d’un tour dans votre sac. Celui que je propose ici, m’appuyant sur toutes ces études, est toujours le même! Simple et à la portée de tous:Permettre à vos enfants de jouer dehors tous les jours, librement, activement. Que cela ait lieu aussi souvent que possible au plus proche de la nature!Concentration, mémoire, plaisir d’apprendre… Il est bel et bien prouvé qu’un peu de nature tous les jours va favoriser ces capacités! « Et si j’habite en ville? » Pourquoi pas parier sur les parcs à proximité de chez vous?! Vous aurez sûrement l’occasion d’accéder à un lieu plus nature pendant les vacances ou en week end. Je vous conseille à ce propos de lire l’excellent article de Guillaume du blog Santé des Enfants et Environnement: Comment aider nos enfants à construire une connexion avec la nature. Convaincu(e) par ces études? Pensez-vous qu’un petit bain de nature, le plus souvent possible, peut être bénéfique à la réussite scolaire de votre ou vos enfants? Partagez votre point de vue en commentaire! 🙂
Photo: DebMomOf3
Ressource supplémentaire: HEALTH BENEFITS TO CHILDREN FROM CONTACT WITH THE OUTDOORS & NATURE, Children and Nature Network
(Jingle du podcast: source sonore: www.universal-soundbank.com, Chant d’oiseaux variés et Senegal – inst : Tambours – Voix) Photo de l’en-tête: U.S. Fish and Wildlife Service Northeast Region
Très bel article, comme d’habitude Émilie 🙂 Nous revenons d’une journée de forêt, de moustiques, de boue, de serpents, d’orage. Je ne peux qu’être d’accord, les enfants ont besoin de nature, ou plutôt nous avons tous, petits et grands, besoin de retrouver et de vivre notre nature. Excellente fin de semaine et au grand plaisir de vous lire. Julie
Le format mp3 est bien pratique pour les gens qui font beaucoup de transport, impec !
En tant que maîtresse d’école, quelle marge de manœuvre as-tu pour pouvoir faire cours dehors ?
Marge de manœuvre? Elle est totale! Le tout est d’assurer le taux d’encadrement nécessaire si on est hors de l’école (en général, 2 ou 3 adultes en tout pour une classe, seule si sortie à proximité immédiate de l’établissement) et bien sûr de viser les apprentissages tels que définis dans les programmes. Rien n’empêche de passer beaucoup de temps dehors! C’est surtout une question d’habitudes, je crois. Bien sûr, cela dépend beaucoup de l’implantation de l’école, de la facilité à accéder à des lieux qui se prêtent à ce genre de mode de travail… les cours d’écoles sont malheureusement très souvent extrêmement pauvre en terme de biodiversité naturelle… Et puis les sorties plus loin, celles qui nécessitent de prendre le car, coûtent très cher (compter environ 400 à 600 euros, voire plus selon la distance, pour un aller-retour) et il y a un peu de paperasse pénible à effectuer + les demandes d’autorisations à demander aux parents, etc. Donc il peut y avoir une logistique complexe.
Le mieux serait de chercher à faire entrer la nature dans les cours d’école!
Bonjour,
Un article parfait et bien documenté qui tombe à pic ! J’ai de la chance, je suis instit en maternelle et j’ai réussi à obtenir de la mairie de mon village l’accès à un petit jardin arboré, et c’est devenu notre petit coin de paradis, on y fait pousser des fleurs, des radis, des salades… et bizarrement tous les enfants se sont mis à adorer les légumes ! C’est vraiment indispensable que dans toutes les écoles on puisse avoir un petit bout de nature, pour y faire des bêtises comme dirait Pierre Perret ! Et il faut se battre contre les rabat-joies qui n’ont pas conscience de tous les bienfaits de ce contact avec la nature; moi c’est tous les jours avec une directrice qui m’impose des règles sorties de son chapeau pour limiter mes escapades au jardin…Mais je résiste !
Merci , et j’adore ce que vous faites !
Bonjour Magali,
Bravo pour votre action! Les enfants seraient donc susceptibles d’aimer les légumes?! Méfiez-vous, ils pourraient même se mettre à ne plus craindre les petites bêtes qui grouillent dans le jardin! Quant à votre directrice… On va réfléchir à une potion pour la détendre! 😉
N’hésitez pas à m’envoyer des photos de votre jardin, elles pourraient illustrer à merveille cet article.
A très bientôt,
Emilie
Très intéressant. En pratique, combien de temps de cours tu fais dehors alors ?
Bien entendu, cela dépend! De la saison, des projets, de l’équipe… (je ne suis pas titulaire d’un poste fixe donc je ne tiens pas vraiment la barre du navire!…). J’ai par exemple travaillé pendant une année dans le Vercors. En hiver (et il a été très long!), raquettes aux pieds, on lançait les enfants par dessus le mur de la cour, on atterrissait dans la neige fraîche et c’était parti pour 1 ou 2h de balade! Avec des dizaines de choses à réinvestir en classe ensuite. Chaque semaine, nous faisions une journée de ski de fond. Cette école avait en plus un jardin plein de recoins dans lequel nous avons fait moult observations, séances d’écoute (on entendait les sonnailles des vaches!) et j’en passe. Nous avons même poussé jusqu’à une journée de spéléo dans la montagne juste au-dessus, encadrée par des parents (brevetés). Il y avait aussi des journées entières où nous n’allions dehors que pour la récré. Mais les projets à l’extérieur étaient particulièrement faciles à mettre en oeuvre. Ce n’est pas le cas partout et la bonne volonté des enseignants se heurte parfois aux craintes de certains parents, à un budget trop réduit ou à un environnement immédiat peu praticable. Ce qui me désespère, c’est tout de même cette manie de goudronner les cours d’école, d’en faire des lieux de récréation aseptisés où l’enfant ne risque rien, à part sans doute de s’y étioler…
Qu’est-ce que ça fait plaisir de lire ceci!!!
Instit pendant 12 ans et maintenant accompagnateur en montagne.
Quelle question de ce lien à la nature!
J’organise des classes vertes pour les enfants et des séjours de randonnées dans les Pyrénées.
Laissons jouer les enfants dans la nature oui oui et oui!
Les adultes seront prêts à le faire quand ils auront compris que l’on a pas besoin d’une profusion d’activités, multiactivités, para-activité … et sur et hyper activité… juste le simple lien à la nature suffit. Il suffit à nous combler à rendre les enfants joyeux, heureux, non violents.
Je pourrais en écrire des tonnes … presque un combat que de faire passer ces idées!
Laissons jouer les enfants dans la nature, cela ferait un beau slogan! Que l’on entend encore trop rarement. Mais je suis sûre que ça va changer!
Est-ce pour cette raison que vous avez troqué votre blouse de maître d’école contre un sac à dos d’accompagnateur en montagne?…