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Pendant que leurs camarades récitent l’alphabet bien au chaud dans leurs salles de classes, eux construisent des cabanes, observent une chenille ou font de la musique avec des bouts de bois… Leurs enseignantes ont fait le choix chaque semaine de faire classe… dans la nature!
Que font-ils? Qu’apprennent-ils? Qu’est-ce que ça leur apporte en plus, à ces enfants, d’être à l’école dans la nature?
Pour répondre à ces questions, je vous invite à découvrir deux écoles qui pratiquent l’éducation par la nature, l’une en Belgique, l’autre en France.
Vous pouvez écouter le podcast directement sur le blog en cliquant sur le bouton Lecture. Pour enregistrer le podcast sur votre ordinateur et l’écouter en faisant la vaisselle par exemple, en faisant un clic droit ici, puis Enregistrer le lien sous.
La première école est l’Ecole Libre de Saint-Vaast, en Belgique. Les enseignantes, Anne Dubray et Marie-Laurence Jadot, font classe trois matinées par semaine dans les bois à leurs 25 élèves de maternelle.
La seconde école est en France, dans le Poitou-Charentes. La maîtresse, Crystelle Ferjou, emmène ses élèves âgés de 2 à 5 ans une matinée par semaine dans un vaste jardin à proximité de l’école.
Transformons-nous en petite souris pour voir d’un peu plus près ce qu’il s’y passe, dans cette école des bois et cette école du jardin…
Une matinée à l’école de la nature
9h: A l’école des bois comme à l’école du jardins, les enfants se préparent puis se mettent en route pour leur coin de nature.
9h30: Le matériel est installé, les enfants se regroupent alors en cercle pour un rituel matinal. A l’école du jardin, les petits s’assoient sur une toile imperméable, à l’école des bois c’est dans un canapé forestier qu’ils s’installent.
10h: Tout le monde est en activité. Transporter des cailloux, scier des bâtons, observer une limace, escalader le talus… En général, les enfants choisissent librement leur activité, au gré de leurs envies, de leur imagination et de leurs découvertes, mais aussi pour faire comme les copains, avec eux. L’adulte est là pour veiller à la sécurité, pour accompagner, rassurer, impulser quand cela est nécessaire, mais jamais pour imposer.
11h15: Rituel de fin de matinée: les enfants se rassemblent de nouveau. C’est le moment où chacun explique aux autres quel a été son moment préféré. On chante, on range le matériel, puis la troupe reprend le chemin du retour.
12h: Retour à l’école, après 3 heures passées au grand air, dans les bois ou dans le jardin. La tête, la main et le cœur sont rassasiés… c’est au tour du ventre, maintenant!
Concrètement, qu’apprennent-ils?
Par où commencer?…
Tiens, prenons les programmes scolaires. On y trouve 5 domaines d’apprentissages. Sont-ils tous travaillés, quand on est en forêt ou au jardin?
Langage
Langage oral: parler pour dire ce que l’on veut faire ou pour raconter ce que l’on a fait, précisément, pour se faire comprendre, désigner précisément un objet ou un élément naturel, écouter quand on veut en savoir plus, réfléchir avec les autres, construire une action à plusieurs, en interaction, donner son avis…
Langage écrit: écouter l’histoire que la maîtresse lit, feuilleter des albums illustrés allongés sur la toile, demander à un adulte de chercher une information dans un guide naturaliste, laisser des traces avec un outil, tracer des signes ou des lettres avec un bâton…
Sans parler des activités faites en classe, en amont ou en aval: discussions, compte rendu, liste, imagier, dessins légendés, etc.
Oui, c’est bon, le langage est central dans ces matinées nature!
Activités physiques
Fournir un effort (tirer le caddy avec le bidon d’eau, par exemple), adapter ses équilibres (en marchant sur un tronc d’arbre), s’adapter aux contraintes du terrain, franchir un obstacle, prendre conscience des risques potentiels, courir, sauter, grimper, glisser, tirer, pousser, coopérer (pour porter une branche par exemple), mais aussi faire une ronde pour se rassembler, pour chanter…
Agir à sa mesure, prendre confiance en soi, dépasser ses craintes…
Inutile de dresser une liste exhaustive, cela tombe sous le sens. Un milieu naturel est par excellence un lieu dans lequel l’enfant va affiner ses capacités motrices et prendre de l’assurance pour évoluer dans l’espace, avec tout son corps en mouvement.
Activités artistiques
Explorer différents matériaux pour laisser des traces, manipuler et tester la matière, la modeler, assembler des éléments pour créer un personnage, un abri miniature, une invention, prendre des photos…
Faire sonner les matériaux, imiter des bruits de la nature, siffler avec une tige creuse, écouter le chant des oiseaux, le silence…
Éveiller ses 5 sens, apprendre des comptines, des poésies, admirer, rêver…
Structurer sa pensée
Observer et comparer les formes (formes des feuilles, des tiges, des cailloux).
Collecter, trier, organiser des collections.
S’entrainer à compter.
Comparer des longueurs, des masses, transvaser.
Se construire ses repères, son propre répertoire qui servira de base à tous les apprentissages formels.
A ce propos, on lit la phrase suivante dans un des premiers chapitres des nouveaux programmes: « Dans tous les cas, les situations inscrites dans un vécu commun sont préférables aux exercices formels proposés sous forme de fiches. »
Explorer le monde
Construire des repères temporels (temps passé entre chaque sortie, régularité, jour de la semaine, durée du trajet…), utiliser des repères chronologiques (ce matin, au début, avant, après), sentir les effets des saisons, de la météo.
Faire l’expérience de l’espace, découvrir de nouveaux milieux à proximité de l’école, mémoriser un trajet.
Se questionner sur le paysage, sur les indices de présence animale, sur les phénomènes naturels directement observés. Rencontrer et connaître des êtres vivants, observer leurs caractéristiques, apprendre à les nommer, développer une attitude responsable à leur égard…
Transporter, scier, clouer, nouer, couper…
Connaître les risques et agir en conséquence…
Nous voilà rassurés: plusieurs fois dans la semaine, la nature peut parfaitement remplacer la salle de classe pour les apprentissages scolaires des enfants. Dans la suite de cet article, je vous propose d’aller encore plus loin et de découvrir que cela apporte en réalité bien plus que cela aux enfants.
Des classes maternelles ouvertes sur la nature… Quels atouts?
Pour l’heure, je vous invite à prendre la parole: en temps que parent, de quel œil voyez-vous cette façon de faire classe en plein air? Cela vous inquiète? Cela vous attire? La rubrique des commentaires vous est ouverte!
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Photos: Bandeau: Rain0975. Le reste des photos proviennent du blog de l’école Libre de Saint-Vaast. Merci à Anne Dubray et Marie-Laurence Jadot pour ce partage!
[…] >>>Lire aussi: Ils vont à l’école de la nature. Qu’apprennent-il ? […]
Magnifique alternative à l’école traditionnelle où les enfants sont enfermés toute la journée sur une chaise. Et le contact avec la nature est tellement important, surtout aujourd’hui !
En fait, cette approche éducative se rapproche beaucoup des apprentissages autonomes et informels, ou comment l’enfant apprend tout seul, sans l’école ou enseignant. Il est urgent de changer complètement de paradigme de l’éducation !
Ca me fait rêver… j’ai entendu parler de ce type d’école pour la première fois dans le bouquin « manifeste pour une enfance heureuse »… je trouve cela génial. Le grand air, la découverte, mais aussi la confiance que l’on place en eux: couper du bois, allumer du feu, etc… un tout petit est capable de grande chose!!! J’habite à hannut: ici des champs pulvérisés à perte de vue, et aucune école alternative proche en vue… mais bon, reste l’éducation des parents… et les vacances! on se console comme on peu! Bonne continuation!
On se console comme on peut, en effet…
Mais c’est souvent de nos petites actions quotidiennes que naissent les changements!
😉
Bonne continuation à vous!
Emilie
Alors c’est qu’il y a besoin de communiquer autour de cette question. Les plus jeunes ont particulièrement besoin de nature, et cela ne va pas être bien difficile à démontrer. Reste à accompagner avec soin un changement de nos habitudes…
Quand j’en parle autour de moi, les personnes qui se montrent les plus ont quand même souvent des doutes par rapport à l’âge. Elles pensent les jeunes enfants trop fragiles je crois. Peut être as-tu ce genre de retour également. En tout cas, je trouve très intéressant qu’un de tes exemples soit une école maternelle !