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Témoignage de Karine, enseignante qui pratique l’école du dehors… tout au long de l’année!

Ce témoignage m’a bouleversée. Il montre la richesse de ce que vivent les enfants qui ont la chance de pratiquer l’école du dehors, il laisse entrevoir tout le sens que cela donne au métier de l’enseignante qui le pratique, mais ce n’est pas tout! Karine, qui suit la formation en ligne Passeur de Nature, est une des rares enseignantes dont l’école est à proximité d’une forest school.  Vous savez, ces forêts-école, extrêmement répandues au Royaume-Uni et qui commencent à se développer en France! Comme le dit Roland Gérard (cofondateur du réseau Ecole et Nature), tout comme chaque école a accès à une bibliothèque, elle devrait bientôt avoir accès à une forêt-école. Karine nous montre que c’est possible et même carrément souhaitable…

Naissance du projet d’école du dehors

Je suis professeur des écoles depuis 2014. J’ai enseigné dans différents niveaux en France et également pendant 1 mois au Burkina Faso et pendant 2 ans au Sénégal.

Je suis actuellement en maternelle sur le triple niveau. Depuis 2 ans, j’ai décidé d’essayer de faire évoluer ma pédagogie vers quelque chose de plus naturel pour l’enfant, en m’inspirant en autre de la méthode Montessori. Sans réelle formation, mais après quelques lectures et quelques heures passées sur le net je me suis lancée. Pas toujours facile de lâcher prise malgré tout…Cependant nous avons changé notre façon de faire : moins de feuille, plus de manipulation (je dis « nous » car ma collègue de maternelle a la même démarche.) ; nous restons malgré tout « éducation nationale », mais notre vision de l’éducation en générale a évoluée et c’est dans cette dynamique, que l’année dernière, lors d’une discussion avec une ancienne maman d’élève, Ruth Joiner, nous avons appris qu’elle avait créé son association : « l’école buissonnière ».

Collaboration de l’école avec une forest school – ou forêt-école voisine

« L’école buissonnière » c’est le lieu idéal, associant forêt et rivière et ce qui est encore plus formidable c’est qu’il se trouvait à proximité de notre ancienne école. Nous pouvions donc y aller à pieds même avec des Ps (environ 20 minutes de marche). Avec Ruth, nous avons donc réfléchi à ce que nous voulions faire et à ce qu’elle pouvait nous proposer… Et là, en entendant Ruth nous parler de ce qu’elle y faisait, elle nous a fait rêver, nous avons donc décidé avec ma collègue de faire un projet sur l’année, sur 10 séances (en demie journée). N’ayant pas de transport à payer nous avons pu nous permettre un grand nombre de séance !!

Organisation et collaboration avec les parents et les ATSEM

Nous y avons associé les parents pour qu’ils soient assez nombreux lors des sorties, pour que nous puissions avoir 3 groupes gérés par plusieurs parents et nos deux ATSEM. Ce mode de fonctionnement nous permettait de nous détacher de la classe pour pouvoir suivre l’évolution de chacun, de nous faire parfois plus discret pour pouvoir surprendre quelques moments heureux, de nous poser en observateurs (ce que nous n’avons pas souvent l’occasion de faire en classe), de prendre des photos, de nous imprégner de l’ambiance et au besoin de nous poser avec un ou plusieurs enfants sur une activité et de créer ainsi un lien différent, plus fort avec l’émotion suscitée par les activités en pleine nature. 

Dans l’ensemble les parents ont bien joué le jeu : tenue adaptée et présence des enfants. Cependant il a fallu parfois fournir des vêtements plus adaptés ou plus chauds et j’ai également eu une famille qui « oubliait » de mettre régulièrement leur enfant lors des matinées nature… C’était bien dommage surtout quand on voit avec quel enthousiasme participaient les enfants à chaque activité. Quel plaisir d’explorer, de manipuler, de bricoler, de patouiller, de construire, de raconter, de découvrir… Les activités proposées par Ruth étaient riches et variées.

Moments forts

Je garde ces images d’enfants passionnés par leur « cuisine de boue » s’inventer de belles histoires, mélanger, heureux de pouvoir se salir sans crainte. Mais aussi d’enfants émerveillés face à la découverte de leur action après avoir fait de l’Hapa zome, ou bien d’entendre le bruit de leur propre Kazoo. La curiosité lors des recherches d’insectes, de petites bêtes de la rivière, ce sentiment de liberté de pouvoir tout simplement explorer le bois…

Durant ces 10 séances qui se sont succédées au fil des saisons le bois a changé et les enfants ont pu observer ces bouleversements, les changements de la faune et de la flore.

Notre toute première sortie a eu lieu sous la neige, quel merveilleux moment, quel privilège de découvrir ainsi le bois. Nous avons également construit des cabanes et un grand hôtel à insectes que la mairie de notre village a pu garder. 

Fin de l’histoire ou nouveau départ?

Notre école a malheureusement déménagée pour une école toute neuve, trop loin pour pouvoir aller à l’ « école buissonnière » à pieds. Les enfants ont également fait des médailles en bois, du cirage de feuilles d’automne, des nichoirs pour oiseaux, des fusains que nous avons pu utiliser en classe, de la peinture à la boue, des tableaux nature, des petites perles en bois, cuisine au feu….

Créer son propre espace de forêt-école?

Mes nombreux souvenirs d’enfants dans une école de campagne et cette expérience m’ont donné envie d’aller plus loin dans ma connaissance de l’école dehors, en nature. Actuellement notre école a un grand terrain juste derrière, qui borde la même rivière que celle de « l’école buissonnière ». Nous ne pouvons pas y avoir accès car la pente est trop abrupte mais je ne me suis pas laissé décourager et j’ai demandé à une personne de l’école si nous pouvions aménager ce coin de nature pour pouvoir accéder à la rivière en toute sécurité et apparemment cela est possible. Cela se fera dans le futur, peut-être éloigné, suite aux derniers événements… Mais j’espère que nous pourrons aménager ce petit lieu où je pourrais emmener les enfants et où Ruth pourrait venir nous faire découvrir d’autres merveilles.

Faire sortir les élèves de la classe, sans écran, se recentrer sur soi, sur l’essentiel, sur la nature… voilà une ligne de conduite à suivre.

Karine

Vous souhaitez aller plus loin? Voici nos suggestions:

>Visiter le site de l’Ecole Buissonnière animé par Ruth Joiner. Notez que Ruth est diplômée Forest school Leader Niveau 3 (bientôt un équivalent en France?). Notez également qu’au Royaume-Uni, ce sont généralement les enseignants eux-mêmes qui animent les séances de classe en forêt dans la forest school la plus proche de leur école, en pédagogie par la nature (PPN). Ils doivent pour cela être titulaires même diplôme que Ruth.

>Visiter le site du Réseau de la Pédagogie Par la Nature en France (RPPN) et notamment son forum, très dynamique, dans lequel vous trouverez de nombreuses réponses à vos questions.

>Télécharger le projet pédagogique que Karine a très généreusement proposé de partager: il s’agit du projet pédagogique qu’elle a coconstruit avec sa collègue directrice en amont des 10 séances à l’Ecole Buissonnière. Ce projet a ensuite été validé par l’inspecteur de leur circonscription.

>En savoir plus sur la formation Passeur de Nature, à laquelle est inscrite Karine et qui se déroule entièrement en ligne.

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