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Rentrée en forêt pour cette classe de maternelles

C’était la rentrée en forêt pour Eveil et Nature ! Sac à dos, trousse à bobos, doudous, pique-nique… Nous accompagnons une classe maternelle qui sortira au bois tous les vendredis.

Petit retour sur cette première journée, sa préparation, les aménagements et son déroulement. Vous nous suivez ?

Une salle de classe à ciel ouvert

Marche d’approche

Beaucoup d’écoles ont à moins de 10 ou 15 minutes à pied un coin de nature. Il peut s’agir d’un parc, d’un grand jardin prêté par une famille ou encore d’un bout de pré ou de forêt, avec l’accord de son propriétaire.

Dans notre cas, il s’agit d’un coin de forêt. Pour le moins piquante, s’agissant d’une forêt du sud ! Les 15 minutes de marche d’approche se transforment en une joyeuse exploration: les plus audacieux carressent les genets scorpions, d’autres observent les genets à balais (c’est vrai qu’on peut faire un balais avec !), d’autres encore osent goûter une baie de genevrier (c’est fort !) ou simplement une mûre (miam !). L’occasion d’apprendre à les cueillir assez haut pour être sûr qu’elle n’a pas pu être souillée par une crotte de renard (on apprend à évoluer en toute sécurité dans la nature !).

Les plus petites (pas même 3 ans pour 2 d’entre elles !) portent vaillamment leur sac à dos et cheminent à tout petits pas. Les plus grands ont hâte d’arriver mais nous les faisons ralentir en observant, l’air de rien, mille et une merveilles… Certains en connaissent déjà un rayon !

Arrivée dans la salle de classe… à ciel ouvert !

« Wouaou ! C’est là qu’on va être ce matin !! » Les premiers enfants ont vu entre les branches l’ébauche de canapé forestier que nous avons préparé la semaine précédente. « C’est pour monter dessus ? »

Une longue corde a été tendue d’arbres en arbres. Les enfants sont invités à la suivre tranquillement: cela les fait cheminer tout autour de l’espace dans lequel ils pourront jouer la matinée durant. Il s’assoient ensuite et nous leur présentons en quelques mots l’essentiel:

  •  Que vont-ils faire dans ce bois,
  • Limites de terrain,
  • Cri de ralliement (Ahouuuuuuuuu !)
Nous présentons nos premières invitations:
  • Canapé forestier à continuer (des grosses branches au sol sont à transporter et à poser sur le début de mur en branches)-(On peut poser des branches dessus, mais pas y monter !);
  • Explorations à la loupe;
  • Tapis de lecture;
  •  Peluches d’animaux des bois à faire vivre;
  • Petits ustensiles pour une cuisine des bois;
  • Installation d’un hamac;
  • Corde pour inventer de petites aventures (le terrain est en pente par endroits)…
Nous demandons aux enfants si certains savent déjà ce qu’il ou elles veulent faire. Cela donne des idées à d’autres… et c’est parti pour la libre exploration pendant 2h en forêt !

Jeu libre et leçon de nature

Les enfants (ils sont 20 ce matin) choisissent librement leur activité. Ils peuvent papillonner, prendre leur temps. Certains sont ravis de transporter des grosses branches à plusieurs. D’autres font cuire des feuilles et du lichen: c’est du poulet à la salade ! D’autres encore, plus audacieux (et audacieuses !), font le tour du gros rocher et s’installent derrière pour faire un nid d’herbes aux doudous des bois. Quelle émulation !

Certains enfants sont restés assis dans le cercle d’accueil. Je leur propose une lecture d’album, afin de se sentir bien. Je prends soin d’accompagner ensuite ceux qui semblent encore hésiter vers un atelier: « On va cuisiner avec N. ? »

>>>Lire aussi: 4 belles idées pour une rentrée sous le signe de la nature

Au bout de 3/4 d’heure, je sors une trousse avec 3 loupes et commence à regarder la mousse. Immédiatement, 2 enfants se joignent à moi et explorent l’outil autant que les éléments naturels.

Une grande fille a repéré une grosse sauterelle bien verte. D’autres s’approchent, observent, commentent. « Mais non, c’est pas une sauterelle ! » « Mais si, c’est une sauterelle ! » Je me note que lors d’une prochaine séance, il sera pertinent d’apporter un guide de reconnaissance adapté, ces enfants-là sont prêts !

Le rôle des adultes dans la classe en forêt

Assurer la sécurité

Au moins 1 adulte de l’équipe aura repéré les lieux en amont et vérifié les éventuels dangers. Si ceux-ci engendrent des risques trop importants, alors des mesures d’atténuation sont apportées. Dans notre cas, il y avait des arbres morts à terre. Des pins. Il a fallut tronçonner certaines de leurs branches qui étaient cassées et très pointues. 

Les éventuelles plantes toxiques ont été repérées: 3 ou 4 élébores fétides. Inutile de les enlever, il sera facile d’expliquer aux enfants qu’il faut éviter de toucher ces plantes, ne jamais les porter à la bouche et expliquer pourquoi. Mais qu’elles sont très jolies avec leurs feuilles finement découpées et que d’ailleurs, si on revient ici en hiver, elles seront en fleur ! (Ca sera l’occasion de leur dire qu’on les appelle aussi les « roses de Noël…). Nous sommes dans de l’apprentissage à la prise de risque mesurée. Apprendre à bien agir avec les risques présents, à condition bien sûr que ceux-ci ne soient pas trop élevés.

Pendant la séance, nous avons constamment un regard sur les enfants. Lorsqu’ils sont calmes, il y a peu de risque de blessure, même s’ils s’aventurent dans les coins plus pentus. Lorsqu’ils s’agitent, nous nous approchons, prêts à intervenir si besoin. En cas de blessure, nous avons bien sûr le nécessaire pour les premiers soin (mais cela arrive rarement !).

Observer

Si l’espace a été astucieusement choisi et aménagé (si besoin), les adultes peuvent bien souvent se mettre en retrait à certains moment. Et observer : que font les enfants ? Comment interragissent-ils entre eux ? Et avec le milieu ? 

Cela nous donne des indications précieuses sur comment agir par la suite: auprès de quel enfants serait-il judicieux d’intervenir ? De quelle manière ? Y a-t-il des aménagements à améliorer ou de nouvelles activités à proposer car on constate que les enfants sont prêts ?

Accompagner… si besoin !

Hier en forêt, j’ai aidé 2 petites filles à faire pipi. Je me suis positionnée à côté de 3 enfants qui jouaient trop vigoureusement avec le hamac. Ma simple présence a commencé à les recentrer. J’ai fait en sorte de susciter l’enthousiasme de l’une d’entre eux à l’égard d’une magnifique sauterelle et ainsi mis fin à ce trio foufou.

Une première approche par l’observation :  Une branche à scier pour le canapé forestier ? C’est l’éducatrice qui s’est mise à l’ouvrage sous l’oeil curieux de 3 enfants. Une prochaine fois les enfants seront initiés avec un matériel approprié (Grande scie à cadre plus adaptée pour les plus jeunes).

>>>Lire aussi: Comment accompagner les enfants dans la nature

Une peur de toucher, des bruits entendus qui effraient,…. C’est OK, on prend le temps. Il s’agissait pour nous hier, à la demande de la petite fille, d’être présentes pas trop loin pour qu’elle se sente rassurée. Pas de pression non plus pour la peur du mouillé, terreux, moussu,… Nous nous sommes contentées de trouver des alternatives aux matériaux qui repoussaient l’enfant (pour construire un nid pour un doudou !). Là aussi, nous avons attendu sa demande.

L’enseignante a utilisé une scie afin de couper les picos sur les branches du canapé forestier. Les enfants l’observaient et apprenaient à se tenir à distance. Cette petite scie à bois vert, très pratique pour couper les branches, est peu maniable pour les petites mains. Une prochaine fois, nous apporterons une grande scie à cadre: elle pourra être utilisée en toute sécurité avec les enfants, l’adulte pouvant tenir l’un des côtés du cadre pour guider l’enfants.

Rythmer la séance

Notre rôle est aussi de rythmer la séance. Nous avons coordonné l’arrivée dans le bois, fait en sorte d’intéresser les plus grands et plus rapides aux plantes ou traces d’animaux croisées en chemin, afin d’arriver en même temps que les plus petits qui marchent à tout petits pas.

Nous avons animé un court cercle d’accueil (10 minutes environ), puis accompagné les enfants qui nous semblaient en avoir besoin pour observer ou se mettre en activité. Nous avons regroupé les enfants (avec notre cri du loup !) puis animé le cercle de fin.

Par petites touches, nous avons permis des respirations entre temps collectifs, temps individuels. Moments guidés, ou accompagnés, et moments libres.

Quelle préparation en amont de cette journée classe dehors ?

Une petite réunion en juin dernier nous a permis de nous coordonner entre membres de l’équipe. Les enseignants nous ont confié la préparation du lieu, ce qui nous a pris 2 à 3h environ (couper quelques ronces, tronçonner quelques branches, planter 6 piquets pour un début de canapé forestier que nous allions continuer avec les enfants). (Et aussi trouver 3 ou 4 troncs pour nous servir de bancs au cercle de regroupement.)

Nous avions listé les 5 ou 6 petits ateliers envisagés. Il y avait peu de matériel à rassembler: des livres, 5 peluches, un set de cuisinette glané dans une recyclerie (petites casseroles and Co), 3 loupes, 1 hamac, 2 cordes, 1 trousse pharmacie… C’est à peu près tout, car les enfants ne les utilisent pas tous en même temps !

>>>Lire aussi: Classes maternelles ouvertes sur la nature: quels atouts ?

Le matin même, je suis allée sur place apporter ce petit matériel. J’en ai laissé une partie dans un grand sac, l’idée étant de l’installer ensuite en présence des enfants. Cela fait gagner un peu de temps… et les implique autrement !

Ajoutons que l’enseignante de la classe a envoyé un mail aux parents afin de les informer du projets de classe en forêt tous les vendredis de l’année et de leur demander une tenue adaptée pour leur enfant.

Faisons le constat que cette préparation a été assez simple !

Une étape aurait pu s’ajouter si l’accord avec les propriétaires de la parcelle de forêt n’était pas encore établi. Mais l’école se rend déjà régulièrement en ce lieu depuis plusieurs années, pas de nouvelles formalités à ce propos.

Une fois de plus, l’école en forêt nous a mis des étoiles dans les yeux !

Quant à nous ? Evidemment nous sommes comblées ! Cette 1ère matinée en forêt nous confirme une fois de plus combien cela répond aux besoins des enfants. Les apprentissages ont été nombreux, qu’il s’agisse du vivre ensemble, de prendre soin de soi, de mieux connaitre les plantes, l’environnement proche de l’école, d’entrainer son équilibre, son agilité, de se sentir bien dans la nature, tout simplement…

Au delà, cela permet de soigner sa relation avec chacun des enfants présents. Dehors, nous sommes des adultes différents. Et c’est aussi sous un nouveau regard que nous découvrons les enfants.

Et vous… envie de vous lancer ?

Vous êtes enseignante ? Le 1er pas est le plus difficile… mais les retours sont tellement enthousiastes ! N’hésitez pas à rejoindre les réseaux qui vous mettront en lien avec d’autres personnes ayant franchi le pas: Tous DehorsRPPNClasse Dehors, groupe Facebook Profs en transition

Nous proposons également une formation en ligne, illustrée de très nombreuses vidéos filmées lors de nos propres séances: Formation Passeur de Nature (déjà plus de 3 200 personnes inscrites dont beaucoup d’enseignants !).

Et enfin, de nombreuses personnes formées par cette formation sont à même d’accompagner vos premiers pas… N’hésitez pas à nous contacter !

>>>Lire aussi: Ils vont à l’école de la nature. Qu’apprennent-il ?

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