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Ces élèves progressent grâce à l’école en forêt chaque semaine

Chaque semaine, Nathalie* emmène ses 25 élèves de petite section… en forêt. De septembre à juin, la progression des enfants est remarquable et ces sorties sont très attendues! Petite immersion dans cette école publique de Lorraine, aux côtés de Nathalie, enseignante passionnée qui pratique l’école du dehors depuis une quinzaine d’années…

Inclure les parents au projet grâce à la réunion de rentrée

En début d’année, lors de la réunion de rentrée, Nathalie informe les familles que chaque jeudi à partir des vacances de La Toussaint, la classe partira à la découverte de l’environnement de l’école. 

L’enseignante informe les parents qu’il sera nécessaire de chausser les enfants de bottes et de vêtements salissables et en adéquation avec la météo.
(A celles et ceux qui cherchentdes salopettes de pluies, nous en avons trouvé ici – lien non commercial)

Enfin, elle les rassure sur le taux d’encadrement réglementaire : 1 adulte pour 8 enfants. Les parents qui le souhaitent auront donc la chance de participer à l’encadrement des sorties!

 

 

Septembre à décembre: phase de découverte

Chaque jeudi, sauf énorme pluie, les 25 petits élèves, âgés de 3 et 4 ans, prennent donc le chemin de la forêt voisine de l’école.

Accepter de se salir… un réel apprentissage !

« Jusqu’à Noël, les enfants apprennent essentiellement à oser se salir, à oser toucher la terre, les arbres les végétaux. », commente Nathalie. En effet, beaucoup d’enfants ne sont pas familiés des sorties en forêt et ont plutôt appris à ne pas toucher la terre ni les éléments naturels… pour ne pas se salir! Un réel travail est donc mené sur le rapport à ce qui est mouillé, qui laisse des traces sur les habits, sur la peau… mais qui n’est pas sale pour autant!

Eveiller la conscience vis à vis des éléments naturels

Nathalie invite ses élèves à observer les arbres qui perdent leurs feuilles, à écouter les bruits de la forêt. Les enfants développent peu à peu une attention à ce qui les entoure en forêt, une conscience de leur environnement naturel. Ce point est important, car l’enfant ou l’adulte qui n’est pas habitué à sortir en nature peut rester erméthique à ce qui l’entoure. L’accompagnement du passeur de nature est ici essentiel! 

« Nous grimpons les talus ou sur les troncs couchés, nous courons, nous chantons, nous crions…. » Peu à peu, grâce au jeu, l’enthousiasme des enfants grandit, l’appréhension s’amenuise, un lien d’attachement à la forêt commence à se tisser. Mais cela n’est réellement possible que grâce à la répétition et à la fréquence des sorties !

Janvier – février: phase d’exploration

A partir de janvier, les enfants semblent de plus en plus dégourdis aux yeux de l’enseignante. Passée une première phase de découverte, d’acclimatation, Nathalie engage à présent ses élèves dans une phase d’exploration. Il n’y a plus de souci de pleurs quand les enfants se salissent. Les talus deviennent des toboggans et les grimpettes sont affrontées à 4 pattes. 

L’enseignante guide les enfants vers de nouvelles découvertes

Nathalie accompagne les enfants dans une découverte de la nature d’hiver, parfois sous la neige. L’attention des enfants est focalisée sur des détails remarquables. Les oiseaux ne chantent plus par exemple…

« Nous creusons les tas de feuilles mortes et faisons des batailles de feuilles. Nous apprenons les écorces toutes différentes. Nous caressons les arbres et découvrons la mousse. Nous cherchons des trésors ; faines, feuilles, glands, noisettes, écorces…. »

Le jeu libre a aussi toute sa place

Le milieu naturel est devenu un espace d’investigation – il y a tant à découvrir! Mais aussi de jeu non structuré, non prévu par l’adulte. Les parents et l’enseignante sont là pour répondre aux solicitations des enfants, pour partager leur enthousiasme, mais ne dirigent pas chaque moment de la séance. Car c’est dans ces temps de jeu libre que les enfants renforcent leur estime de soi et s’engagent vers ce qui les anime, suivant leurs périodes sensibles, avec tout leur corps en mouvement! 

Mars – avril:  phase de structuration

« A partir de mars, nous partons vraiment beaucoup plus loin et plus longtemps. Nous faisons du Land Art. Nous grimpons aux arbres. Nous nous émancipons. Nos corps sont vraiment dénoués et nous n’avons plus peur de rien en forêt » témoigne Nathalie.

L’entraide entre enfants se développent beaucoup. Ils inventent des jeux à plusieurs, des glissades en chenilles. Si un enfant ne réussit pas, il y en a toujours un qui vient en aide. 

Certaines peurs, qui freinaient les enfants dans leurs explorations, ont disparu. Ils ont par exemple compris qu’ils n’avaient rien à craindre ni des loups ni des ours, qu’il n’y en avait d’ailleurs pas dans cette forêt.

Nathalie les accompagne dans leur découverte des premières fleurs. Elle guide leur écoute des chants d’oiseaux dont l’activité s’est intensifiée avec l’arrivée du printemps. 

Les enfants construisent des cabanes, organisent des jeux, ramènent des tas de trésors ! Ils rentrent très sales… « C’est bon signe! » commente Nathalie.

Mai – juin: Phase d’appropriation

« En dernière période, nous découvrons le cycle de la nature avec les feuilles qui sont revenues. Nous écoutons les différents chants d’oiseaux. Nous construisons des trésors : brochettes de feuilles, cailloux décorés, peintures avec des choses de la nature, pique-nique…… Notre cabane est notre château. »

Dans ce coin de forêt, les enfants se sentent désormais chez eux. Ils sont devenus familiés de la plupart des éléments naturels – ils connaissent d’ailleurs le nom d’un certain nombre d’entre eux, et portent une attention désormais soutenue aux chants d’oiseaux ainsi qu’à l’effet des saisons sur l’écosystème.

Ils sont devenus agiles dans ce terrain varié et font évoluer leurs jeux libres. Le cadre foisonnant est propice à libérer leur créativité. Que de beaux moments de partage vécus tous ensemble au pied des grands arbres!

Pour conclure… Bientôt l’école en forêt pour toutes les classes ?

« En rentrant de l’école de la forêt, toute l’année, nous adorons le petit goûter qui nous attend dans la classe ! C’est un vrai moment de bonheur et nous l’avons bien mérité ! »

S’étonnera-t-on que les enfants soient plus épanouis lorsqu’ils grandissent ainsi au contact régulier avec la nature ? N’est-ce pas là une des clés pour un véritable renouveau de l’école, enfin au service des enfants, de leur épanouissement, de leur réussite? L’expérience de Nathalie et sa classe semblent l’indiquer clairement, de récentes études le confirment sans équivoque… (Article à paraître prochainement sur Eveil et Nature)

A nous de jouer, parents et professionnels de l’enfance, pour oser changer nos habitudes. Des outils de plus en plus nombreux s’offrent à nous pour nous accompagner dans cette démarche… dont nous ressortons nous-mêmes grandis!

Quelques pistes pour accompagner vos 1ers pas de passeurs de nature :

 

Passeur de nature (livre), de Emilie Lagoeyte et Cindy Chapelle, coEditions Plume de carotte et Terre vivante, mai 2019

Infos et commande sur Boutique Terre vivante

L’école à ciel ouvert (livre), de Sarah Wauquiez , Nathalie Barras, Martina Henzi, Editions La Salamandre, mars 2019

Infos et commande sur Boutique Salamandre

Formation en ligne Passeur de nature, de Emilie Lagoeyte et Valentine Serre

Infos et inscriptions sur Passeur-de-nature.com

* L’enseignante a souhaité garder l’anonymat. Son nom a donc été modifié mais son témoignage n’en demeure pas moins fidèle à sa pratique de terrain!

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